Certains marins pêcheurs utilisent des méthodes et des moyens de pêche interdits par les lois internationales. La faune et la flore de la côte maritime de Chetaïbi (ex-Herbions), 70 km à l'ouest de la ville de Annaba, sont quotidiennement agressées, voire massacrées par les agissements de certains marins pêcheurs, qui utilisent des méthodes et des moyens de pêche illégaux et surtout interdits par les lois internationales. Sur place, le matériel pélagique est souvent utilisé par des marins pêcheurs, ce qui a causé un véritable préjudice à la faune et la flore dans cette région, réputée pour sa richesse halieutique, surtout, en poisson blanc. Pis, des filets de pêche dits invisibles sont quotidiennement largués à quelques mètres de la côte, au vu et au su de tout le monde. Cette pratique est signalée même durant la saison estivale, gênant considérablement les baigneurs. Un marin pêcheur, qui a voulu garder l'anonymat, a justifié cette pratique par le manque d'équipement adéquat et l'absence de travail dans la région, qu'il qualifie de “cimetière”. “Les gens ici vivent dans la misère noire. À l'exception des mois de juillet et d'août, où le village revient quelque peu à la vie avec l'arrivée des touristes, le reste de l'année, comme vous pouvez le constater, on est comme dans un cimetière. Que faire ? Notre seule source de vie est la mer et nous n'avons pas de moyens matériels. Nous sommes obligés, donc, pour survivre, d'opter pour ces pratiques illégales et répréhensibles”, a-t-il tenu à affirmer. À Chetaïbi, explique-t-il, il n'a jamais été question depuis des années de compter sur les fruits de la terre, étant une région montagneuse où la surface agricole n'occupe que quelques centaines d'hectares contre des milliers d'hectares de forêts de zen et de chênes-lièges. “Chetaïbi est une région essentiellement forestière et les terres agricoles y sont quasi absentes. Seuls environ 400 hectares servant à la culture de la tomate industrielle dans la zone d'El-Azla et quelques parcelles insignifiantes sont sous-exploitées au demeurant”, précise un vieux pêcheur. Plus grave, aujourd'hui la quasi-totalité des familles qui vivaient, autrefois, du travail de la terre dans les localités de Soualem, Chatt Al-Arab et Aïn Abdallah, ont quitté les lieux devant le diktat des groupes terroristes intégristes, sans foi ni loi, signalent nos interlocuteurs. Mieux encore, la daïra de Chetaïbi est dépourvue de toute unité industrielle ou autre entreprise de production. Donc, le travail de la terre est difficile dans la région. Un autre travail est pratiquement impossible à trouver dans le village, l'une des plus anciennes communes d'Algérie. Le problème du chômage qui est un véritable fléau se pose aujourd'hui aux responsables locaux avec acuité. “Les 19 carrières, qui offraient, il y a des années, des postes de travail aux habitants, sont toutes abandonnées. La pierre de granit est pourtant précieuse et abondante”, se plaignent les habitants. Ainsi, Chetaïbi, autrefois “Tekkouche”, l'un des plus beaux sites à vocation touristique par excellence, d'ailleurs, réputé pour être l'une des plus belles baies au monde, est, après 43 ans d'indépendance, une zone enclavée où sévissent le chômage et le spleen des jeunes qui n'ont de rêve, en réalité que pour “lebled” (la ville), c'est-à-dire Annaba. B. B.