Célèbre pour ses richesses halieutiques, surtout en poisson blanc, la côte annabie, objet depuis des années d'une surexploitation sauvage et anarchique, est exposée aujourd'hui à une calamité. Cette situation, affirment les gens de la mer, est due aux agissements “criminels” des propriétaires de quelques bateaux de type 23 mètres (450 à 600 chevaux), qui pêchent tout près des côtes avec des méthodes interdites, même dans les pays les plus reculés de la planète, entre autres à la traîne avec des filets double poches dites “9,2”, ou encore à l'aide de celles appelées “invisibles” et en semi-pélagique. Même les petits métiers et les chalutiers ont leur part de responsabilité dans cette situation qui risque, selon nos sources, d'engendrer une catastrophe si des décisions ne sont pas prises rapidement, signale-t-on. Appelés à larguer leurs filets à plus de 500 mètres du rivage, les propriétaires de ces embarcations activent, souvent, à moins de 10 mètres seulement de la côte. Pourtant, indiquent les professionnels, la sonnette d'alarme a été tirée depuis longtemps sur le massacre de la faune et de la flore sur le littoral, et même des côtes d'El Marsa (Skikda) en passant par Chetaïbi, Aïn-Barbar jusqu'à Draouch, cap Rosa et El-Kala, dans la wilaya d'El Tarf. Par ailleurs, ce n'est pas l'avis du premier responsable du secteur. Il reconnaît toutefois des dépassements de certains propriétaires de bateaux. À ce sujet, il affirme que les gardes-côtes traquent continuellement ces “pirates”. Ainsi, selon le service contentieux de la Direction de la pêche, 45 marins pêcheurs auteurs d'infractions, telles la pêche dans des zones interdites, taille non marchande de poissons, pêche illicite dans les eaux territoriales, autrement dit de bateaux étrangers, ont été arrêtés et présentés, durant l'année en cours, devant la justice, en plus de la saisie de leur marchandise. Le même interlocuteur a enfin fait part de l'acquisition par les marins pêcheurs d'équipements et moyens de pêche modernes. Cette année, l'on enregistre une chute sensible de la production de poissons à Annaba, laquelle compte pourtant une flottille de pêche respectable, estimée à 394 bateaux, répartis entre les ports de pêche de la Grenouillère, de Chetaïbi, de la Caroube, de la Seybouse et les plates-formes de Sidi Salem. Ainsi, pour l'année en cours, la production halieutique réalisée par le secteur de la pêche de la wilaya de Annaba s'est élevée à environ 5 800 tonnes, marquant ainsi un net fléchissement par rapport à celle de l'année 2004, qui était de l'ordre de 7 201 tonnes. B. BADIS