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Deux décennies de trop
Publié dans Liberté le 17 - 04 - 2005

RESUME : Djamila envoie ses enfants à l'école. Elle ne leur a rien dit. Avant de se rendre à l'hôpital, elle appelle ses beaux-parents et les met au courant. À l'hôpital, elle constatera que l'état de Omar est très grave et qu'à moins d'un miracle, il ne se remettra pas.
Djamila garde la main de son mari dans la sienne, tenant à sentir sa chaleur ; et même si elle ne se fait plus d'illusions, elle ne peut s'empêcher d'espérer. Omar ne peut pas les abandonner maintenant. Ils l'aiment tous.
Sa belle-famille est arrivée depuis peu et ils sont bien tristes pour leur fils.
Eux aussi sont allés poser des questions au spécialiste chargé de suivre Omar. Ce dernier ne leur a pas caché que son cas était désespéré.
- Il ne tiendra pas longtemps. En fin de journée, son beau-père va chercher les enfants. Il sait qu'il les trouvera dans la cour attendant leur mère. Ils ignorent tout de l'accident de leur père et Abderrahmane se sent perdu quand il doit le leur apprendre.
- Il va s'en sortir, grand-père ? lui demande Salim. Dis, ce n'est pas grave ?
- Les médecins font tout pour qu'il aille mieux, le rassure le vieil homme.
Les enfants ne se posent pas trop de questions.
Ils croient leur grand-père. Mais une fois à l'hôpital, et quand ils voient leur père, ils sont sous le choc.
- Tu disais qu'il allait bien, dit Salim à son grand-père. Pourquoi m'as-tu menti ?
- Je t'ai dit qu'ils faisaient tout pour qu'il aille bien. Tu es grand, Salim ; tu peux comprendre ces choses…
- Je comprends qu'il ne reviendra pas à la maison, rétorque Salim. Non, non… Je ne veux pas qu'il meure. Je ne veux pas que papa nous quitte.
Il n'est pas le seul à le vouloir. Toute la famille et toutes les personnes le connaissant prient pour que son état se rétablisse rapidement. Mais son cas est sans espoir. Deux jours après son intervention, Omar décède. Tout le monde est sous le choc. Djamila avait repris espoir, persuadée que s'il a pu passer la nuit, il se rétablirait un jour.
L'enterrement a eu lieu le jour même. Djamila a l'impression de vivre un cauchemar. Jamais elle ne pourra vivre sans Omar. Pendant des jours et des jours, elle refusera de se nourrir. Sa famille et sa belle-famille sont restées pour la soutenir, elle et les enfants. Ces derniers ont repris les cours et semblent se remettre lentement.
En classe, ils sont comme les autres enfants ; ils jouent et rient. Leur sourire disparaît dès qu'ils rentrent à la maison. Le fait de voir leur mère triste et toujours alitée, indifférente à tout ce qui se passe autour d'elle, en est la raison.
Hakima a assisté à l'enterrement de Omar et n'est pas rentrée chez elle. Elle espérait que sa présence ferait du bien à sa sœur. Ne supportant plus de la voir dans cet état second, elle ne cesse de lui parler et de la pousser à se ressaisir.
- Il faut que tu te reprennes Djamila. Tes enfants ont besoin de toi. Regarde-les, ils souffrent de te voir ainsi. Tu les abandonnes !
- Non, murmure Djamila. C'est Omar qui nous a abandonnés.
Hakima s'emporte.
- Omar est mort. Dieu en a décidé ainsi, personne ne peut changer ce qui est écrit. Quand on parle de destin, ce n'est pas pour rien. Je t'en prie, pour l'amour de Dieu et de tes enfants, secoue-toi, secoue-toi, tes enfants ont besoin de toi !
Djamila semble n'avoir rien entendu. Mais ce n'est qu'une apparence. Car, peu de temps après, un fait bouleversera encore sa vie. Sa fille Nadia est tombée gravement malade.
Elle devait être hospitalisée. Son cas nécessitait un garde. Hakima s'est proposée pour être à son chevet mais l'enfant ne veut personne d'autre que sa mère. Aux yeux de Hakima, l'enfant vient de demander l'impossible…
(À suivre)
A. K.
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