Une hausse des tarifs de plus de 30% est enregistrée dans ces espaces commerciaux. Tous les ans, à l'approche de la fête de l'Aïd, le marché des fruits et légumes enregistre une flambée injustifiable des prix. Cette pratique incongrue s'installe progressivement dans les mœurs commerciales du pays. L'année 2017 ne déroge pas à cette règle imposée de manière unilatérale par des commerçants spéculateurs. Aux marchés de gros, une hausse subite des tarifs est constatée depuis quelques jours. Des observateurs habitués de ces espaces commerciaux, évaluent cette augmentation des prix à plus de 30%. Des raisons à la fois objectives et subjectives sont avancées par les uns et les autres afin de tenter de justifier cet envol des tarifs. Le président de l'association des mandataires, Mohamed Medjber, explique cette hausse par la fin de saison pour ces produits dits de l'été. Il a également évoqué les méfaits du sirocco qui a porté les températures jusqu'à 45° sur la production agricole. Ces vents chauds, qui ont soufflé il y a une dizaine de jours sur plusieurs wilayas, ont engendré des pertes considérables aux agriculteurs. Ils ont brûlé les produits agricoles provoquant une baisse sensible de l'offre sur le marché. La courgette, la laitue, le poivron...sont, certes, disponibles sur le marché mais en quantités insuffisantes. C'est en réalité le fait de la région des Hauts Plateaux notamment de Sétif et d'El- Eulma qui ont approvisionné ces lieux de vente en gros. Ce qui a donné lieu à une mercuriale aux prix inconcevablement élevés. Au marché de gros des Eucalyptus, le kilogramme de courgettes est vendue à 120 DA, la salade est affichée à 130 DA, le poivron à 70 DA, le piment à 60 DA, la pomme de terre à 40 DA. Arrivés chez les détaillants, ces tarifs suivent une courbe ascendante. Ils passent du simple au double. La courgette y est proposée à 200 DA/kg, la salade à 220 DA, le piment à 150 DA. Même les œufs ont...eu "leur" hausse. Ils sont passés de 10 DA à 14 DA la pièce depuis quelques jours déjà... Au Sud, dans certaines wilayas, le seuil des prix des produits agricoles dépasse tout entendement. À Tamanrasset, pour ne citer que cet exemple, la salade verte est affichée à plus de 450 DA ! En ce qui concerne les fruits, les raisins sont proposés entre 150 et 250 DA, la pêche est à 350 DA, la nectarine à 250 DA. Le prix des figues, suivant la variété, se situe entre 120 DA et 200 DA. La figue de Barbarie est commercialisée à 10 DA l'unité. La banane qui a enregistré une baisse ces derniers mois, reste toutefois élevée puisqu'elle est vendue à 330 DA. C'est dire l'ampleur du phénomène de la spéculation à laquelle recourent systématiquement certains marchands au détail malveillants. Cette défaillance dans le contrôle incombe en fait au ministère du Commerce qui, certes, n'a pas à fixer les prix mais doit, en revanche, définir au préalable, une marge bénéficiaire à ces commerçants qui achètent avec facture et affichent les prix. Le président de l'association pour la protection des consommateurs (Apoce), Mustapha Zebdi, qualifie cette augmentation de "flambée injuste mais pas surprenante". Pour lui, cette hausse n'obéit pas à la loi de l'offre et de la demande sur le marché. D'autres paramètres viennent, selon lui, se greffer sur cette règle. Il citera le phénomène des intempéries ou des grandes chaleurs qui empêchent les producteurs d'accéder à leurs champs, les incendies... M. Zebdi relève en outre, une désorganisation du marché national, caractérisée par le manque flagrant de marchés de proximité et une absence incontestable de transparence dans les transactions commerciales. Tous ces facteurs sont, explique-t-il, à l'origine d'une instabilité sur le marché. Le président de l'association des commerçants algériens (Anca), Hadj Tahar Boulenouar, parle, quant à lui, d'un "décalage profond" entre l'offre et la demande. Au moment où l'offre a baissé, la demande a suivi une hausse ces derniers jours, constate-t-il. Cette instabilité est essentiellement due, argue M. Boulenouar, à l'inexistence d'un plan de production à même de garantir un approvisionnement régulier des marchés. "C'est cet approvisionnement stable des marchés qui assurera une stabilité des prix", affirme-t-il. Le président de l'Anca tient à préciser cependant que le niveau actuel des tarifs ne connaîtra pas de baisse de sitôt. Autrement dit, la flambée se poursuivra jusqu'après l'Aïd, au grand dam des consommateurs. B. K.