La complexité de la crise malienne, en raison notamment de la configuration politico-tribale dans le nord du pays, pourrait constituer un frein à l'application de ce régime de sanctions onusien. Après des mois de réflexion, mais surtout de patience, la communauté internationale a décidé mardi soir de passer à l'action en créant un régime de sanctions contre toute personne ou organisation entravant la mise en œuvre de l'accord de paix et de réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger. Le projet de résolution pour un régime général de sanctions pour le Mali a été approuvé à l'unanimité par le Conseil de sécurité, sur demande des autorités maliennes qui, une nouvelle fois, s'en remettent à la communauté internationale pour rétablir la paix et l'autorité de l'Etat dans ce pays du Sahel, devenu une base arrière du terrorisme islamiste et du trafic de drogue, d'armes et de migrants clandestins vers l'Europe. "Il s'agit d'une demande explicite du gouvernement malien" et "de donner un nouvel élan à l'accord de paix" de 2015 qui est "sérieusement menacé", a déclaré l'ambassadeur français à l'ONU, François Delattre, dont le pays est présent au Mali et dans quatre autres pays du Sahel à travers son opération militaire Barkhane. Le texte prévoit la possibilité d'interdiction de voyage et de gel des avoirs, ont rapporté les agences de presse. Toutefois, pour appliquer les mesures édictées dans ce texte, il faut attendre quelques jours ou semaines, le temps de créer à l'ONU un comité qui aura pour mission l'identification des individus ou entités qui entraveraient la mise en œuvre de l'accord de paix, a souligné le Conseil de sécurité. La désignation d'individus ou d'entités sera liée à des violations du cessez-le-feu, à des obstructions à la mise en œuvre de l'accord de paix, à des attaques contre les forces armées maliennes ou les Casques bleus, à des violations des droits de l'homme ou à des obstacles à l'acheminement d'aide humanitaire, énumère-t-on dans le texte de la résolution du Conseil de sécurité. Mais la complexité de la crise malienne, en raison notamment de la configuration politico-tribale dans le nord du pays, pourrait constituer un frein à l'application de ce régime de sanctions qui ne semble pas inquiéter les différents signataires de l'accord de paix et de réconciliation. Car, du temps du lancement officiel du dialogue inter-malien en juillet 2013 à Alger, de nombreux acteurs politico-tribaux et militaires du nord du Mali étaient accusés de crimes de guerre, lors de la rébellion touarègue de fin 2012, qui a été quasiment déclenchée parallèlement au putsch militaire contre l'ancien président Amadou Toumani Touré. La conclusion de tout accord de paix avec le gouvernement malien, sous l'égide de l'ONU, était entre autres conditionnée par la levée de toutes les sanctions et mandats d'arrêts contre les certains leaders de l'ex-rébellion. Aujourd'hui, avec la recrudescence des violences terroristes qui touchent tout le Sahel, ce régime de sanctions est-il vraiment opportun et serait-il efficace ? Vu la fragilité de l'Etat malien et celle de l'accord de paix, l'on est à se demander si une telle décision apporterait ses fruits. Lyès Menacer