C'est sans surprise que le parti de Soufiane Djilali a annoncé, hier, sa décision de boycotter les prochaines élections locales prévues le 23 novembre prochain. Et c'est à l'issue d'une session ordinaire de son conseil national que la question de la participation au prochain scrutin a été définitivement tranchée "à la quasi unanimité", d'après un communiqué rendu public hier. Pour Jil Jadid, la mise en œuvre de l'article 102 de la Constitution, qui prévoit l'état d'empêchement du Président de la République pour cause de maladie grave et durable serait "un premier pas vers un changement profond du système" qu'il appelle, d'ailleurs, de tous ses vœux. Sûr de son fait, le parti de Soufiane Djilali parie même sur une désaffection à venir de l'électorat qui continue à bouder les urnes : "Dans ce climat chaotique, les élections communales ne seront qu'une autre occasion pour que le peuple se démarque de ce régime de corrompus et de ses affidés, par un boycott aussi large que celui des élections législatives. Jil Jadid maintient sa position de principe, et se range du côté du peuple. Il ne participera donc pas aux tentatives de légitimation d'un pouvoir définitivement condamné par l'histoire". Jil Jadid reste surtout attaché à l'application de l'article 102, perçue comme un début de solution et agit en conséquence : "Un plan de sortie de crise et du système politique actuel, a même été présenté. Bon ou mauvais, il n'est qu'une possibilité parmi d'autres... Tant que la rue n'aura pas pris le relais ! C'est cet objectif qui a justifié le boycott des élections", est-il mentionné dans le communiqué. "Aujourd'hui, hélas, il est devenu clair pour les Algériens, qu'il ne peut y avoir de solutions venant de l'intérieur du régime, largement dégradé par la corruption et l'irresponsabilité. La solution, si elle advenait, viendra de l'extérieur du système. Elle viendra du peuple. Mais pour éviter le chaos, il faut concevoir et défendre une solution. Celle-ci se construit patiemment grâce aux bonnes volontés. Encore faut-il que les opposants joignent le geste à la parole et se décident à orienter leurs attaques contre le pouvoir illégitime au lieu de les braquer sur celles et ceux qui agissent pour le changement." Il y a lieu de relever dans ce contexte que Jil Jadid n'a pas hésité pour adresser, à cette occasion, quelques "piques" à ses ex-partenaires de l'opposition qui, selon ses propres termes, auraient changé leur fusil d'épaule : "Après avoir négocié et signé des communiqués de l'Icso consignant la constatation de la vacance du pouvoir et réclamant des élections présidentielles anticipées, ils se sont délestés, un à un, de cet engagement devenu subitement trop lourd pour eux. Et au lieu de dénoncer les turpitudes du pouvoir, les voilà qui bottent en touche toute revendication de changement, préférant garder un Président absent car, clament-ils, le départ de Bouteflika ne garantit pas le départ du système. Dans leur logique, mieux vaut garder les choses en l'état. Le système refuse de partir ? Alors on garde le Président et... le système ! Que cache en réalité ce choix ?", s'interroge-t-il, non sans ironie. M.-C. L.