Les parlementaires confirment qu'aucune autorisation n'est prévue par la loi pour importer des équipements industriels. Plus d'une vingtaine de députés ont signé, hier, une lettre dans laquelle ils demandent au Premier ministre "une intervention urgente" concernant le projet d'usine de trituration des graines oléagineuses de Cevital bloqué par le port de Béjaïa. "Nous, députés de la nation, avons l'honneur de vous solliciter pour une intervention urgente concernant un projet industriel phare pour notre pays qui est bloqué par les agissements du P-DG du port de Béjaïa", soulignent-ils dans leur lettre. Ce projet industriel, porté par la société Cevital, "a pour objectif de rendre notre pays indépendant pour deux catégories de produits, à savoir les huiles végétales et les tourteaux de soja, qui sont, aujourd'hui, importés à 100% par notre pays", précisent les signataires. Ces derniers rappellent qu'ils ont déjà interpellé, devant l'APN, l'ancien Premier ministre sur ce dossier qu'ils estiment "d'une importance stratégique pour notre pays et la région de Béjaïa". Aujourd'hui, écrivent les députés, "les équipements pour la réalisation de ce projet sont bloqués par le P-DG de l'Entreprise portuaire de Béjaïa (EPB) qui en a interdit le déchargement au motif que Cevital n'a pas obtenu les autorisations pour ce type de projet et que cette dernière souhaite installer son usine dans son complexe industriel à l'intérieur de l'enceinte portuaire". L'EPB a, pour ces raisons, empêché l'accostage et le déchargement de deux navires transportant les équipements pour la construction de l'usine, "alors que ces équipements ont été intégralement payés et ont même obtenu les avantages de l'Andi, selon les informations que nous avons pu vérifier auprès de la société", indiquent les députés signataires. Après enquête et analyse, ainsi qu'une visite effectuée au complexe de Cevital à Béjaïa, les députés confirment qu'"aucune autorisation n'est prévue par la loi pour importer des équipements industriels. Que la loi et la réglementation en vigueur ne donnent aucune autorité à l'EPB ou à son P-DG de réclamer une quelconque autorisation avant de procéder au déchargement d'équipements ou de toute autre marchandise". Par ailleurs, la société Cevital leur a confirmé que l'usine de trituration de graines oléagineuses sera installée sur un terrain acheté spécialement pour ce projet, dans une zone industrielle en dehors du périmètre portuaire. Les signataires soulignent qu'ils ont visité ce terrain pour en confirmer l'existence. "L'attitude de l'EPB et de son P-DG est, dès lors, difficilement compréhensible, car elle n'est fondée sur aucun texte en vigueur. En outre, elle est contraire aux intérêts de notre pays et aux orientations du président de la République appelant les opérateurs économiques à se mobiliser pour s'engager dans l'investissement productif, créateur de richesses et d'emplois pour l'ensemble de la Nation", soutiennent les députés signataires de la lettre. "Ce projet stratégique mettra l'Algérie en sécurité alimentaire pour les corps gras et les protéines végétales pour l'alimentation du bétail", soulignent-ils, indiquant plus loin que l'impact financier positif de ce projet pour l'Algérie sera supérieur à 2 milliards de dollars, avec une économie de 1,5 milliard de dollars US par la substitution des importations d'huiles brutes et de tourteaux de soja et des recettes à l'export d'au moins 600 à 700 millions de dollars US sur les seules exportations de Cevital en tourteaux de soja. Le nombre d'emplois concernés par ce projet se compte par dizaines de milliers, aussi bien pour la filière industrielle que pour l'agriculture nationale. "C'est pourquoi, M. le Premier ministre, nous, membres de la représentation nationale, avons l'honneur de solliciter votre intervention urgente, afin de mettre fin aux agissements du P-DG de l'EPB qui sont contraires non seulement à la loi, mais aussi aux intérêts de notre pays et de trouver une issue honorable à cette situation", concluent les députés signataires de la lettre. Pour rappel, Ahmed Ouyahia avait considéré, lors d'une conférence à l'issue du conseil national de son parti, que "la gestion de cette affaire au port du Béjaïa n'est pas la meilleure des gestions". Passera-t-il à l'acte à présent qu'il est Premier ministre ? Meziane Rabhi