Des milliers d'Espagnols sont descendus hier à la mi-journée dans les rues des villes ibériques pour appeler au "dialogue" et à "l'unité", à quelques jours d'une hypothétique déclaration d'indépendance. L'inquiétude qui a gagné l'Espagne depuis le référendum d'autodétermination en Catalogne a fait sortir des milliers de manifestants hier dans la majeure partie des villes espagnoles pour s'exprimer. À l'appel de l'initiative citoyenne "Parlem. Hablemos" (On se parle !, en catalan et en espagnol), plusieurs centaines d'Espagnols vêtus de blanc étaient rassemblés à Madrid et à Barcelone face aux mairies des deux villes pour réclamer un "dialogue" entre les Catalans et le reste de l'Espagne. Les tensions entre Madrid et les séparatistes au pouvoir en Catalogne depuis début 2016 ont plongé le pays dans sa plus grave crise politique depuis son retour à la démocratie en 1977. La crise, qui inquiète aussi l'Europe, touche la Catalogne, où vivent 16% des Espagnols, car selon les sondages la moitié de la population n'est pas indépendantiste. "L'Espagne est bien meilleure que ses dirigeants", lisait-on dans leur manifeste, diffusé par le site Change.org, et qui avait recueilli quelque 9000 signatures hier matin. Une autre marche, "patriotique", rassemblait à la même heure dans le centre de Madrid des milliers de personnes pour "défendre l'unité de l'Espagne" avec force drapeaux espagnols. Aujourd'hui, une autre manifestation "pour retrouver la sagesse" est prévue à Barcelone. L'écrivain Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature de nationalités péruvienne et espagnole, qui a qualifié l'indépendantisme catalan de "maladie", y participera. Ceci étant, de timides gestes d'apaisement sont apparus vendredi. Le préfet, principal représentant de l'Etat en Catalogne, a pour la première fois présenté des excuses au nom des forces de l'ordre vendredi pour les violences policières qui ont émaillé le référendum interdit de dimanche, faisant au moins 92 blessés et scandalisant l'opinion. Et le président catalan Carles Puigdemont a annoncé qu'il repoussait son intervention devant le Parlement catalan, initialement prévue pour demain. Les séparatistes envisageaient d'y prononcer une déclaration d'indépendance unilatérale. La nouvelle séance est prévue mardi à 18h00 (16h00 GMT), l'ordre du jour portant simplement sur la "situation politique". Les parlementaires opposés à l'indépendance ont cependant dit se méfier des véritables intentions de M. Puigdemont, qui a diffusé vendredi les résultats définitifs, et invérifiables faute de commission électorale, du référendum interdit : 90,18% de "oui" à la sécession avec un taux de participation de 43%. La situation a aussi des résonances sur les terrains de foot. L'Espagne s'est qualifiée vendredi contre l'Albanie pour la Coupe du monde 2018. Mais le défenseur catalan Gerard Piqué, qui a pris position en faveur du droit des Catalans à voter, a disputé le match sous les sifflets d'une partie des spectateurs d'Alicante et les acclamations d'une autre. R. I./Agences