La journée d'hier a été marquée par des marches, des meetings, “baptisation” de places et des galas. L'Université de Tizi Ouzou, à travers la marche d'hier, a réitéré sa fidélité au message d'Avril 80. Elle a réhabilité le politique, en disqualifiant le fascisme et l'archaïsme. “La décantation est désormais faite ; c'est la marche des enfants de Jugurtha”. C'est la réflexion faite par un étudiant membre de la CLE, Coordination locale des étudiants, organisatrice de la manifestation. Cet universitaire, mégaphone à la main, faisait des allers-retours entre les carrés constitués par les marcheurs devant le campus de Hasnaoua, avant de donner le coup d'envoi. Il est 10h passées. La procession humaine s'apprête à s'ébranler en direction du centre-ville. Les banderoles sont déployées porteuses de plusieurs slogans restituant à l'université, et à travers elle, la Kabylie, ses valeurs et ses repères : “Non à la clochardisation de l'université et de la société”, “Assa azekka, tasdawit tella tella”, “Kabylie martyre et rebelle”, “Non à l'impunité” et “Chez Imazighen, la corruption est condamnée” sont, entre autres, les mots d'ordre mis en avant par les milliers de manifestants. Parmi ces derniers, l'on peut remarquer, outre la communauté universitaire présente en force, des représentants de partis politiques comme le RCD à sa tête son président Saïd Sadi, le FFS à travers ses élus et le PT. Ont pris part également à la marche, les délégués “non-dialoguistes”, des membres du Congrès mondial amazigh, le Mouvement culturel berbère. Alors que des slogans sont scandés à gorge déployée, une halte a été marquée devant l'hôpital de la ville en guise de soutien et de solidarité au personnel médical et paramédical. Les marcheurs arpentent à présent l'avenue Abane-Ramdane. Arrivés au niveau du rond-point de la mairie, les marcheurs ont pris la direction de la maison d'arrêt, où une minute de silence a été observée à la mémoire des martyrs de la démocratie et du Printemps noir, avant de rallier le point de départ de la marche à Hasnaoua vers 12h30. Ayant participé à la marche, le Dr Sadi dit avoir tiré un enseignement essentiel de l'action d'hier. “Le pouvoir, à travers ses relais, a mis en mouvement une véritable opération jumelle administrative pour briser la mémoire de la Kabylie, le chaînon a tenu et la mémoire est sauve. De plus, la politique est réhabilitée dans la région grâce à l'université qui a retrouvé sa fonction et sa vocation, en dépit des moyens mis par le pouvoir au service d'une stratégie de démolition des repères qui ont façonné la mémoire militante de la région”, a-t-il déclaré, en ajoutant que les étudiants de Tizi Ouzou sont restés fidèles au serment de leurs aînés. La mobilisation citoyenne a donné des motifs de satisfaction à la CLE. Y. A.