Contrairement au président américain, qui menace de mettre fin à l'accord sur le programme nucléaire iranien, les autres pays signataires ne cachent pas leurs inquiétudes, tout en réitérant leur engagement à l'appliquer. Rien ne va plus entre Washington et ses alliés sur le dossier nucléaire iranien depuis l'annonce vendredi soir par Donald Trump de son refus de le certifier, voire même d'y mettre fin à tout moment. S'il a prononcé un réquisitoire enflammé contre cet accord, "le pire" jamais négocié par les Etats-Unis, le président américain a assuré toutefois que son pays ne s'en retirerait pas pour l'instant. Il n'a par contre pas épargné le régime iranien en le qualifiant de "dictatorial". Il a martelé qu'il ne "certifierait" pas le fait que Téhéran respecte ses engagements, malgré des assurances en ce sens de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), dont le patron Yukiya Amano a aussitôt réaffirmé que l'Iran faisait l'objet "du régime de vérification nucléaire le plus solide au monde". "Quel est le sens d'un accord qui ne fait que retarder la capacité nucléaire de l'Iran pour une courte période?", s'est interrogé Donald Trump, soulignant qu'il souhaitait en particulier supprimer les échéances en vertu desquelles certaines restrictions au programme nucléaire pourraient être levées progressivement après 2025. Il a également annoncé de nouvelles sanctions contre les Gardiens de la révolution, l'armée d'élite iranienne, accusés "d'avoir détourné de vastes parts de l'économie pour financer la guerre et le terrorisme à l'étranger". Dans la soirée de vendredi, le président US a ajouté dans un tweet que "les participants à l'accord sont en train de se faire beaucoup d'argent en commerçant avec l'Iran". Les seuls pays à avoir applaudi Donald Trump ne sont autres que l'Etat hébreu et l'Arabie Saoudite. Benjamin Netanyahu a félicité le président américain pour "sa décision courageuse", alors que l'Arabie Saoudite, qui redoute la montée en puissance de son grand rival chiite, a salué "une stratégie ferme". Mais les autres pays signataires de l'accord ne cachent plus leurs inquiétudes, alors que Téhéran a estimé, par la voix de son président Hassan Rohani que les Etats-Unis sont "plus seuls que jamais contre le peuple iranien". Si Moscou a dénoncé la stratégie du nouveau locataire de la Maison- Blanche, très isolé sur ce dossier, la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a mis en garde contre la tentation de "démanteler un accord qui fonctionne et tient ses promesses". Même son de cloche chez la Première ministre britannique Theresa May, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron, qui ont souligné dans un communiqué diplomatique mais ferme, qu'ils restaient "engagés dans l'accord", appelant à "sa pleine application par toutes les parties". Plus engagé, le chef de l'Etat français est allé jusqu'à s'entretenir avec son homologue iranien au téléphone, pour l'assurer de "l'attachement de la France à l'accord de 2015" et "envisager" de se rendre à Téhéran. Devant la fermeté des alliés de Washington, le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson s'est néanmoins voulu rassurant. "Je m'attends à ce que nos alliés et amis en Europe et dans la région soutiennent fermement nos efforts pour faire face aux menaces iraniennes", a-t-il déclaré. Il y a lieu de noter enfin que les Iraniens ont réagi hier avec colère aux propos belliqueux du président américain Donald Trump, qui a annoncé la veille une stratégie plus dure contre leur pays. L'utilisation par le président américain du terme "Golfe arabique" à la place de "Golfe persique" a profondément irrité les Iraniens, connus pour leur nationalisme, qui ont pris d'assaut les comptes Twitter et Instagram de Donald Trump. Merzak Tigrine