Dans le cadre de la célébration du centenaire de la naissance de Mouloud Mammeri, un colloque international sur son œuvre a lieu à la Safex, dans le cadre du 22e Salon international du livre d'Alger (Sila). Le 22e Salon international du livre d'Alger (Sila) a abrité, vendredi, la première journée du colloque international sur Mouloud Mammeri. S'étalant du 3 au 5 novembre, cet événement a été organisé sous la houlette du Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA), à l'occasion de la célébration du centenaire de l'écrivain, l'anthropologue et linguiste algérien. D'ailleurs, Si El-Hachemi Assad, secrétaire général du HCA, a assuré que son institution demeurera "optimiste et clairement engagée pour assurer un avenir florissant à tamazight, le patrimoine de tous les Algériens, et le HCA ne ménagera aucun effort pour contribuer à l'aboutissement de ce projet essentiel pour la nation algérienne". Il a par la même occasion remercié le commissariat du Sila qui a prolongé la date limite de cette manifestation de 24 heures. De son côté, le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a annoncé à nouveau son engagement d'instaurer "un espace muséal intégrant tout ce qui possède et caractérise la pensée de Mammeri". Le ministre est également revenu sur le parcours de Mouloud Mammeri qui a, selon lui, "eu sa part de l'oubli, et maintenant il revient à nouveau comme une grande stature intellectuelle". La première journée du colloque a été marquée par l'intervention de plusieurs universitaires, sociologues et chercheurs qui se sont succédé, tour à tour, pour parler de l'homme qu'était Mammeri. Pour Youssef Nacib, sociologue, spécialiste de la littérature amazighe, docteur ès lettres et sciences humaines à la Sorbonne, et notamment membre scientifique de coordination du centenaire, Mouloud Mammeri a souffert de "cette marginalisation qu'il a subie". Avant d'ajouter que l'intellectuel était "doublé d'un humaniste, et je pense que ce colloque international va nous permettre de mettre en exergue toutes ces qualités-là. La qualité littéraire, la qualité scientifique, la qualité humaine de Mouloud Mammeri". Youssef Nacib a d'ailleurs rappelé le militant anticolonialiste qu'était Mouloud Mammeri en faisant savoir que c'est lui qui a "rédigé le texte qui a été adressé aux Nations unies et qui a apporté à la cause algérienne une cinquantaine de nations". Toujours sur l'humanisme qui caractérisait la personnalité de Mammeri, son ancien collègue à l'université d'Alger indique que Mammeri ne représentait pas seulement "un village, une région, ou même un pays, il a franchi ces étapes. Il est l'homme universel qui représente la civilisation humaine". Et de renchérir que "la culture amazighe est pour Mammeri une version de la civilisation humaine". Quant à Malha Benbrahim-Benhamadouche, universitaire, chercheure en histoire et anthropologie, Mouloud Mammeri a donné "un nouveau souffle à la recherche, et au début des années 80 comme nous le savons tous, il a été l'acteur principal de Tafsut Imazighen (le printemps berbère, ndlr)". Le colloque a vu également la participation de Guy Basset, chargé des cours GRH à la Faco (Faculté libre de droit et d'économie et gestion), à Paris. Il est revenu au cours de son intervention sur l'œuvre de Mammeri cristallisée dans les quatre premiers numéros de la revue Awal. "Dès le numéro un, une structure de numéros qui perdurera se mêle en place, elle comprend principalement une série d'articles, une série manuel ou étude en cours, une série de textes et documents, et une série de nombreux comptes rendus", a-t-il rappelé, tout en évoquant le parcours du penseur algérien : "Mouloud Mammeri a eu une vie riche aux multiples aspects." Imène AMOKRANE