L'administration parlementaire compte prendre la chose au sérieux en instaurant l'obligation d'assister aux travaux des plénières et des commissions parlementaires. Les députés ne font pas preuve d'assiduité. Hier, au deuxième jour des débats autour du projet de loi de finances 2018, un texte d'une extrême importance qui impacte directement ou indirectement le citoyen, sur les 462 membres qui siègent à l'Assemblée populaire nationale (APN), à peine une cinquantaine était présente. Même certains élus, pourtant inscrits sur la liste des intervenants, ont brillé par leur absence. Où sont-ils partis ? "Ils sont au niveau de leurs circonscriptions, à cause des élections locales", nous ont indiqué certains députés, qui reconnaissent que l'absence, aussi massive, de leurs collègues renvoie une piètre image de l'institution législative. "Le gouvernement aurait, peut-être, dû reporter les débats sur le projet de loi de finances après la tenue des élections locales", estime un autre député. La coïncidence des débats sur le projet de loi de finances avec les élections locales n'explique pas tout. L'absentéisme est un phénomène qui rythme la vie de l'Assemblée nationale et mine sa crédibilité. Pour rappel, lors des débats sur le programme d'action du gouvernement, les mêmes images, d'un Parlement quasiment vide, avaient été observées, largement diffusées et commentées. Une fois élus, beaucoup de députés boudent l'Assemblée nationale, tout en continuant à percevoir leurs indemnités et de jouir de leurs avantages sans que personne s'en offusque. La crise économique que traverse le pays devrait, normalement, les mobiliser. D'autant que le texte débattu en plénière est le projet de loi de finances qui, en l'absence d'une stratégie à long terme, fixe pour une année la politique économique du gouvernement. Le comportement des députés conforte le choix des électeurs qui ont boudé les urnes, lors des élections législatives. Devant le phénomène de l'absentéisme qui, parfois, perturbe le fonctionnement de l'institution législative, l'administration parlementaire compte prendre la chose au sérieux en instaurant l'obligation d'assister aux travaux des plénières et des commissions parlementaires. Durant l'ancienne mandature, à plusieurs reprises, des séances de vote ont été reportées faute de quorum. La Constitution stipule clairement que dans le cadre de ses attributions constitutionnelles, le Parlement doit rester fidèle au mandat du peuple et demeurer à l'écoute permanente de ses aspirations. Le député ou le membre du Conseil de la nation se consacre pleinement à l'exercice de son mandat. Les règlements intérieurs de l'Assemblée populaire nationale et du Conseil de la nation devraient prévoir des dispositions relatives à l'obligation de participation effective de leurs membres aux travaux des commissions et des séances plénières, sous peine de sanctions applicables en cas d'absence. Meziane Rabhi