Le président du RCD a critiqué aussi le recours à la planche à billets présentée comme une panacée par le Premier ministre. "Le Palais du gouvernement, le Club-des-Pins ou encore les ports sont comme des casernes. Personne ne peut s'en approcher, ni y entrer ! Ils se sont enfermés (les dirigeants, ndlr), on dirait qu'ils ont peur du peuple." Face à une salle pleine et bigarrée, hier à Kouba, le président du RCD n'a pas mis de gants pour fustiger la mauvaise gouvernance et la mauvaise gestion des dirigeants du pays qui ont conduit à la crise actuelle. "Le responsable, c'est celui qui va chez les citoyens, les écoute !", a déclaré Mohcine Belabbas. Même s'il a évité, soigneusement, de citer expressément les responsables, Mohcine Belabbas, au regard de certaines questions évoquées, semblait viser particulièrement, Ahmed Ouyahia, mais également le FLN. En peu de mots, les partis du pouvoir. "Si on avait vu la construction d'une grande université, de grands hôpitaux, une agriculture florissante, on aurait compris où seraient partis les 1 000 milliards", ironise-t-il, comme pour répondre à Ouyahia, dont les sorties pendant la campagne sont axées, essentiellement, sur la destination des 1000 milliards que les députés du RCD avaient soulevée lors du débat sur le plan d'action du gouvernement à l'Assemblée. "L'essentiel de l'argent a été détourné, voilà la vérité !", lance le président du RCD, sous un tonnerre d'applaudissements. Haut comme trois pommes, un petit drapeau déployé, un enfant dans la salle n'hésite pas de renchérir, de son côté, devant le regard amusé des présents : "C'est le FLN qui les a pris !" Mohcine Belabbas critique aussi le recours à la planche à billets présentée comme une panacée par le Premier ministre à chacune de ses sorties. "Si le recours à la fabrication des billets était une solution, pourquoi l'Ethiopie n'y a-t-elle pas recouru ? Qu'on nous donne des imprimantes et qu'on fabrique de l'argent à la maison dans ce cas !", grogne-t-il. Pour lui, la crise que traverse le pays n'est pas d'ordre financier, mais plutôt "d'hommes, de compétences". "Ils ne nous ont pas écoutés quand on les mettait en garde contre les risques de la fluctuation des prix des hydrocarbures. S'il y avait une bonne gouvernance et une bonne gestion, on ne serait pas aujourd'hui en crise", dit-il. "C'est une crise d'hommes et de compétence. Les solutions existent quand il y a une vision, une mobilisation et une volonté. Il est temps que la compétence, l'intégrité et la crédibilité s'emparent des centres de décision dans la commune, dans la wilaya et, plus tard, dans le gouvernement", soutient le président du RCD qui cite, en guise d'exemple, le cas de la commune de Hadjret Ennouss, dans la wilaya du Tipasa, dirigée depuis 2007 par le parti et passée, en l'espace d'une décennie, d'une commune pauvre à une commune riche pourvue de toutes les commodités et les infrastructures de base. "Le RCD a changé l'image de cette commune", se félicite-t-il. À l'origine de cette réussite trois clés, détaille Belabbas : la gestion solidaire, c'est-à-dire associer le tissu associatif à la gestion, de nature à susciter la confiance du citoyen en ses institutions, une gestion transparente qui commande que chaque responsable fournisse régulièrement son bilan et les explications sur les projets envisagés ou en souffrance et, enfin, disposer d'une vision d'avenir. De fil en aiguille, il tire sur ceux qui sollicitent les voix des électeurs à travers la corruption. "Certains voient les citoyens comme des tubes digestifs. Il ne faut pas qu'en 2017, on cherche à acheter les voix avec un sandwich. Il y a beaucoup de partis du pouvoir qui utilisent ces méthodes. Au RCD, on s'adresse aux consciences", assure-t-il. Considérant "inconcevable" que l'Algérie soit en crise, Mohcine Belabbas répète, à l'envi, que seuls l'investissement, comme dans le tourisme, et l'accès des compétences aux leviers de commande peuvent mettre l'Algérie sur les rails du développement. "Des partis se sont transformés en bandes dont des candidats sont poursuivis en justice. Il faut que les choses changent, qu'on se mobilise. Il est temps que l'APW d'Alger revienne aux jeunes, aux compétences. Il est temps que la gestion change, beaucoup de communes sont sinistrés à Alger, elles sont victimes de hogra", martèle-t-il sous les applaudissements. Selon lui, pour peu que les conditions leur soient offertes, même de nombreux cadres exilés sont disposés à revenir travailler au pays. "On ne doit pas accuser les jeunes qui font la chaîne devant l'Institut français d'Algérie. On doit plutôt réfléchir à la situation de l'école et de l'université, car c'est là que se trouve le problème !" rappelle-t-il, amèrement. Karim Kebir