Le maire de Paris est en visite officielle de deux jours à Alger, dans le cadre de la coopération entre les deux villes. Outre le tramway et le Jardin d'essais d'El-Hamma, d'autres projets sont programmés. Dans la salle des conférences de la wilaya d'Alger pleine comme un œuf, les retardataires avaient du mal à trouver une place. Annoncée depuis quelques jours, la visite de Bertrand Delanoë a retenu toute l'attention des autorités de la capitale du pays, sachant qu'elle intervient dans un cadre officiel de coopération où le maire de Paris est porteur d'un message assez éloquent sur la volonté des pouvoirs publics français à relancer ce dossier empreint d'une certaine tiédeur. Le discours de bienvenue du wali d'Alger, Addou Mohamed-Kébir, s'est voulu, pour sa part, un message clair sur les attentes d'Alger quant à la concrétisation d'un certain nombre d'actions dont l'expérience et l'assistance françaises sont très souhaitées. Le wali citera une panoplie de chantiers lancés ou en voie de l'être (transports, plan de circulation, urbanisme, PDAU, Samu, voirie, stations d'épuration, etc.) en rappelant le savoir-faire des Français dans ces domaines. C'était assez clair pour le maire de Paris qui entamera sa conférence en déclarant ressentir beaucoup d'émotion en visitant Alger. “C'est nécessaire que nos deux villes se parlent. Il est même impensable que nous n'arrivons pas au XXIe siècle à développer un langage commun concernant notre avenir. C'est pourquoi je suis ici”, dira-t-il en rappelant que cette opération faisait partie de son programme dès son installation comme premier magistrat de Paris. Cette visite vient donc confirmer la volonté exprimée lors de la signature en janvier 2003 d'un accord d'amitié et de coopération à l'Hôtel de ville de Paris entre Bertrand Delanoë et l'ancien wali d'Alger, Abdelmalek Nourani et ce, dans le cadre de l'Année de l'Algérie en France. Répondant au wali d'Alger, il fera savoir que “les propositions du premier responsable de la wilaya étaient pertinentes et qu'il faille aujourd'hui travailler ensemble”. Bertrand Delanoë précisera que sa visite s'inscrit essentiellement dans le cadre d'une coopération concernant deux projets : le tramway d'Alger et la réhabilitation du Jardin d'essais d'El-Hamma. Le savoir-faire français est très attendu pour ces deux actions qui, il faut le rappeler, s'inscrivent dans une série de projets visant à donner à la capitale le statut qui lui convient dans le Bassin méditerranéen. Pour l'un et l'autre projet, le maire de Paris explique qu'une équipe de spécialistes français est sur place. “Nous nous aiderons, mais nous profiterons aussi de votre expérience”, souligne-t-il. Abordant le sujet de la propreté, il dira que la ville est propre appelant par la même occasion la population à la préserver par des actes de civilité. Il exprime aux citoyens d'Alger un message de fraternité au nom de tous les Parisiens dont beaucoup sont d'origine algérienne. “Nous avons de belles choses à faire ensemble. Je n'ai pas qualité de parler au nom de la France. Je m'exprime en tant que citoyen français. Je suis Maghrébin et je le revendique. C'est au Maghreb que j'ai appris que nous devons tous nous entraider, abstraction faite des religions même si personnellement je ne suis pas croyant”. Il insistera sur la nécessité des deux peuples, des deux pays, la France et l'Algérie à bâtir ensemble leur avenir du fait d'avoir la chance d'être l'un en face de l'autre. Il rappellera dans ce cadre qu'il a eu le privilège d'inaugurer en sa qualité de maire de Paris, une plaque sur le pont Saint-Michel à la mémoire des Algériens victimes de la répression sanglante lors des manifestations du 17 octobre 1961. “On a jeté des Algériens à la Seine”, martèlera-t-il. Dans le même contexte, il dira également qu'une place porte désormais le nom de Maurice-Audin, un Français torturé et mort pour la cause algérienne. Il ne manquera pas l'occasion d'exprimer son opinion contre la colonisation française qu'il qualifiera de négative quand bien même elle a contribué à la construction des écoles et des hôpitaux. “Si nos deux armées se sont infligé des souffrances, on ne peut continuer à vivre dans cette optique car, aujourd'hui, ce qui nous rend heureux c'est d'être égaux et indépendants. J'ai confiance en l'avenir de la jeunesse algérienne et française. Donnons donc de l'efficacité à la coopération entre Alger et Paris. Nous voulons être debout ensemble, c'est l'avenir qui le souhaite”, conclut-il. Delanoë s'est dit très impressionné par le projet du tramway que lui a présenté une responsable de la wilaya. Parallèlement, le wali d'Alger a exprimé son souhait de profiter de l'expérience de la ville de Paris en matière d'éclairage public “Alger est une ville lugubre”, dira-t-il. Dans l'après-midi, le maire de Paris devait effectuer en compagnie des autorités locales, une visite à La Casbah dont il confiera qu'elle bénéficiera à son tour d'une assistance dans le cadre de sa réhabilitation. A. F.