L'assistance n'a pas digéré la sentence qu'elle a jugée non proportionnelle aux faits reprochés. Les quatre jeunes, tous sans antécédent judiciaire, accusés dans les actes de violence enregistrés dans la ville de Collo lors de la nuit de jeudi dernier, à l'occasion de la célébration de la fête du Mawlid Ennabaoui, ont écopé de peines lourdes allant de 4 à 8 mois de prison ferme. Ces peines ont été prononcées hier par le tribunal de Collo lors d'une session ordinaire tenue sous haute surveillance. Selon le procureur général, ces jeunes ont été reconnus par les officiers de la police judiciaires coupables d'attroupement sur la voie publique, de violence, de destruction de biens d'autrui et d'atteinte à corps constitués. Les incidents remontent à la nuit de jeudi dernier quand des jeunes et moins jeunes ont mis le feu à des pneus en certains endroits de la ville, saccagé la vitre d'un commerçant à la cité Chetti et, toujours selon le rapport de la police, lancé des projectiles sans faire heureusement de blessés contre un commissariat. Lors du procès, les accusés ont rejeté les griefs retenus contre eux. Les témoins appelés à la barre n'ont pas confirmé, pour leur part, avoir vu les accusés en action, mais seulement en compagnie des jeunes regroupés autour des feux allumés. Même le propriétaire du commerce ciblé a tenu les mêmes propos que les témoins. Faute de preuves matérielles, le procureur de la République, lui, ne doute aucunement de la parole des officiers de la police judiciaire chargés du procès-verbal. Les parents des accusés, eux, ne partagent pas cet avis. “On ne veut pas que nos enfants soient donnés en exemple. Ceux qui ont importé les pétards et ceux qui les ont étalés devant les institutions de la République n'ont jamais été poursuivis ; c'est grave ce qui se passe”, s'insurgera l'un d'eux. Pour un autre, visiblement au fait des traditions liées à cette fête, “le Mawlid a toujours été célébré avec violence à Collo, en particulier, en Algérie, et dans l'ensemble des pays musulmans en général. Certaines communautés musulmanes recourent, lors de processions de rue, à d'horribles scènes d'autoflagellation. Une horreur dénoncée en Occident, mais pas chez nous parce que justement il ne faut pas que la justice soit déconnectée de la société”. Un universitaire présent au procès se dit heureux que les choses n'aient pas débordé au cours de la fête, suite au traitement des policiers : “On doit prononcer des jugements à partir de faits accompagnés de preuves, mais jamais en partant de l'idée desanctionner des jeunes pour exemple. Ce n'est pas professionnel !” M. K.