Collo vit depuis plus de trois mois sur fond de violences et d'agressions dont sont victimes de paisibles citoyens. Si auparavant, même des septuagénaires ont été délestés de leurs biens et sauvés de justesse après des séjours en milieux hospitaliers, jeudi dernier, une ultime agression fut fatale pour le jeune Chetti Mohsen Noureddine. Enfant de la ville, buteur de la fameuse Entente sportive de Collo durant ses années d'or, Didine a, le jour de son enterrement (un vendredi) comme ce fut chaque vendredi durant les années 1980, mobilisé une dernière fois une grande foule. En l'accompagnant massivement à sa dernière demeure, les collins ont pleuré l'enfant prodige, certes, mais aussi le temps où Collo fut autre chose que l'actuelle “dechra” où la gabegie côtoie le banditisme de toute sorte. Vendredi dernier, après la prière du dohr, une foule nombreuse, évaluée à plusieurs milliers, a accompagné Didine à sa dernière demeure. Chetti Mohsen, la star sportive de l'entente de Collo durant les années 1980 qui brilla notamment lors de la finale de la coupe d'Algérie face à la JSK, est décédé la veille, jeudi, après avoir été victime d'une agression en plein jour et en plein centre-ville par deux voyous qui ne cessent de terroriser la population et les estivants depuis plusieurs mois. Touché traîtreusement, Didine a succombé, selon les médecins, suite à une attaque cardiaque. C'est la sagesse de la famille et la tendance pacifiste des collins qui a fait que les choses n'aient pas dérapé. Mais, tout le monde est unanime pour dire que le cas Didine est l'agression de trop. En effet, comme c'est le cas dans plusieurs villes du pays ; les services en charge de la gestion sécuritaire sont pointés du doigt. Pour l'un des amis de Didine, “personne ne peut fuir ses responsabilités. Les agressions se font de jour et le port d'armes blanches se fait au vu et au su de tout le monde. Si cela peut se comprendre dans une grande agglomération, ce n'est pas le cas à Collo où les délinquants sont connus et fichés. Ceux qui ont agressé Didine sont soupçonnés par tout Collo pour être derrière la récente vague de violences qui a touché notamment les personnes âgées. Leur lieu de repli est identifié par tout le monde. Alors, qui les protège ?” Pour des agents de police ayant requis l'anonymat, le corps est démobilisé. L'appareil judiciaire ne traite pas avec célérité les cas de banditisme assimilé toujours à la petite délinquance. “Un des agresseurs de Didine se trouvait en liberté alors qu'il est poursuivi pour une autre affaire d'agression”, commente une personne au fait de l'affaire. Vrai ou faux ? Des employés au tribunal de Collo, présents à l'enterrement, tempèrent les reproches des uns et des autres en mettant en avant le phénomène démobilisateur des grâces en inadéquation avec les mutations de la société. D'autres personnes habituées à la salle des pas-perdus du tribunal renvoient la balle à la compétence des officiers de la police judiciaire et du parquet, incapables de ficeler, selon eux, des dossiers lors des audiences, à la hauteur des délits commis. Quels que soient les avis, le mal est là. La société est rongée par une violence qu'elle n'arrive pas à gérer, pour ne pas dire à combattre. Il se peut que des hommes ont leurs alibis pour justifier leurs échecs mais ce qui est certain c'est que le système en place est caduc. À Collo, rares sont les citoyens qui fréquentent la rue tôt la matinée sans se munir d'armes blanches. Le petit peuple ne fait pas confiance au dispositif sensé le protéger. C'est grave dans un pays qui cherche à instaurer l'état de droit.En effet, cette année plusieurs personnes âgées ont été sauvagement agressées et délestées de leur argent de poche. Certains ont même séjourné à l'hôpital. Tout Collo chuchote le nom des agresseurs et le lieu à partir duquel les hordes de voyous se lancent dans leurs expéditions, sauf les… services concernées. Pour rappel, Didine, comme on l'appelait à Collo, n'est autre que l'ancienne coqueluche de l'équipe locale du football, l'Entente de Collo et du MB Batna. Avec Collo, il fut l'un des artisans de l'aventure africaine du début des années 1980. Âgé de 42 ans, il a laissé derrière lui deux filles en bas âge, une femme enceinte de 8 mois et des responsables locaux ainsi qu'une élite locale devant leurs responsabilités en matière de la chose sécuritaire. Il est parti parce qu'il aimait beaucoup Collo. Il n'a pas supporté que la “presqu' île” île” soit souillée par, d'une part des voyous et, d'autre part, par une élite locale aussi lâche. Mourad KEZZAR