Les abstentionnistes actifs ont, encore une fois, surpris lors des élections locales du 23 novembre. Leur nombre est passé de 1,7 million en 2012 à plus de 1,8 million en 2017. Les élections locales de jeudi dernier n'ont pas dérogé à la règle, avec un nombre global de 1,8 million de bulletins nuls dans l'élection des membres des APC et 1,08 million d'autres bulletins nuls pour les APW. Encore une fois, le bulletin "blanc-blague" a été au rendez-vous et ces votants volontaires se sont abstenus à leur manière pour apporter une réponse cinglante à la crédibilité du scrutin que les pouvoirs publics n'ont pas cessé de faire valoir pour valider des joutes électorales. En perdant ce "réservoir" de votants, en sus de plus de 53% de taux d'abstention avéré, le corps électoral, qui était de 22 883 772 millions d'inscrits, s'est retrouvé démembré et aura perdu, en cours de route, le peu de crédibilité attendu par les responsables à tous les niveaux. Il s'agit d'un fait saillant, d'autant que la plupart des électeurs qui ont glissé une enveloppe sans bulletin ou un bulletin sans enveloppe, voire des écriteaux pour dire qu'ils ne connaissaient pas les candidats, les programmes, ou encore pour sanctionner les élus sortants, se sont déplacés de leur propre gré jusqu'aux bureaux de vote pour, enfin, s'exprimer de cette manière. La surprise a été grande et ce sont des centaines de milliers de bulletins qui ont été considérés comme "nuls", et ce, conformément à l'article 52 de la loi organique 16-10 du 25 août 2016 relative au régime électoral. Il est vrai que le phénomène du bulletin "blanc-blague" et de l'abstention n'est pas propre à l'Algérie, pour paraphraser le ministre de l'Intérieur, Noureddine Bedoui. Mais le fait est là et renseigne sur le désenchantement de la population à donner davantage de crédit aux élus, d'une part, et à l'administration, d'autre part, en remettant en cause les résultats issus des suffrages exprimés. Car, en réalité, les responsables, à tous les niveaux, n'ont pas tiré les leçons des précédentes élections locales de 2012. Si M. Bedoui s'est accordé un satisfecit en relevant que le taux de participation est marqué par une légère progression par rapport au taux de participation enregistré lors des élections locales de 2012 (40,92% pour les APW et 44,26% pour les APC), il n'en demeure pas moins que le bulletin "blanc-blague" a enregistré une hausse passant de 1,7 million en 2012 à plus de 1,8 million en 2017. Encore, faudrait-il le rappeler, ce taux est appelé à être revu à la hausse au niveau du Conseil constitutionnel qui aura la lourde tâche de valider ces élections entachées de plusieurs irrégularités, de dérapages, de faits avérés de bourrage d'urnes et d'affrontements dans plusieurs bureaux de vote. L'enthousiasme qui prévalait dans les années où l'Etat algérien était en voie d'effondrement s'est vite dissipé au sein des populations qui manifestent un désintérêt confirmé aux élections. Il serait choquant d'ignorer cet état de fait si les responsables de cette situation ne venaient pas à jauger l'état d'esprit des votants et les raisons de cette débâcle électorale. D'autant que le parti des abstentionnistes actifs avait fait des siennes lors des législatives du mois de mai dernier, avec 2,1 millions de bulletins blancs et nuls glissés dans l'urne.