"Le ministre est en devoir de publier les chiffres des recettes de la publicité octroyée par l'Anep et les dettes de tous les journaux", a souligné Hadda Hazem. La directrice de la publication d'El Fadjr, Hadda Hazem, a animé une conférence de presse, hier, au siège du journal à Alger. À l'occasion, elle a souligné le devoir de transparence dans l'octroi de la publicité institutionnelle, invitant le ministre de la Communication, Djamel Kaouane, à dévoiler les critères d'attribution, les chiffres de la publicité ainsi que les créances des journaux par les imprimeries et les organismes de sécurité sociale et des impôts. Hadda Hazem a indiqué avoir subi un lynchage sur les réseaux sociaux de la part de personnes qui l'accusent de s'être enrichie illicitement, suite à la déclaration du ministre qui, affirme-t-elle, a eu pour effet de "remonter contre moi l'opinion publique et les créanciers du journal". Selon elle, c'est "une deuxième mise à mort du journal" et "une tentative de porter atteinte à ma dignité". Cela alors que, dit-elle, "je suis une journaliste intègre et je respecte les règles du métier. En 32 ans, je n'ai jamais usé de corruption ou fait chanter un responsable pour me donner de l'argent". Cédant la parole au responsable financier du journal, ce dernier a expliqué — bilan à l'appui — la manière dont ont été dépensés les 39 millions de dinars qu'a reçus l'entreprise durant les sept derniers mois de 2017, en citant notamment le paiement des salaires, les caisses sociales et les imprimeries. Mais, il a tenu surtout à préciser que les dépenses du journal durant la même période étaient de 42 millions de dinars et à expliquer que le chiffre de 76 milliards de centimes, relatif aux recettes des huit dernières années, a été "gonflé", puisque le journal n'a reçu que 62 milliards de centimes. Ce qui le place en dernière position sur le tableau de classement des journaux à raison d'une page de publicité par jour à El Fadjr, contre 10 pages pour les titres de la presse publique, durant la même période, a-t-il dit. "C'est bien que le ministre soit transparent et rende publics les chiffres, mais en tant que journaliste et opinion publique, j'insiste sur le devoir qu'a le ministre de publier les chiffres des recettes de la publicité octroyée par l'Anep et les dettes de tous les journaux", renchérit Hadda Hazem, citant au passage l'exemple d'un journal concurrent qui aurait reçu 112 milliards de centimes en une seule année. "Je n'ai pas l'intention de demander des comptes à quiconque, mais juste mes droits", a-t-elle affirmé, ajoutant que "j'ai été lynchée sur les réseaux sociaux, qui m'ont accusée de vol, d'être une rentière et d'avoir une villa, etc". La directrice d'El Fadjr s'est insurgée, également contre le fait que les chiffres rendus publics par le ministère ont été gonflés de 14 milliards, en ce qui concerne les recettes publicitaires ou les arriérés de paiement de la location à la Maison de la presse, qui aurait été triplée. Prenant la parole, Mountasser Oubetroune, membre du comité de soutien a, quant à lui, appuyé la même demande. Cependant, face aux sombres perspectives qui se dessinent, les intervenants ont révélé deux actions : l'appel au secours des journalistes d'El Fadjr adressé au président de la République pour qu'il empêche la mise à mort de leur gagne-pain et l'impératif, souligné par Malika Abdelaziz en sa qualité de membre du comité de soutien de la mobilisation de la corporation, d'atteindre les deux objectifs que s'est fixés le comité, à savoir la levée du monopole sur la publicité institutionnelle et la tenue des assises de la presse. A. R. [email protected]