Chebah El Meki était un homme de lettres, politicien, syndicaliste, révolutionnaire, mais aussi un humaniste et libre penseur. Né près de Tolga (Biskra) en 1894, El-Mekki fut un militant nationaliste et un homme de théâtre. Il constitua avec Ahmed Rédha Houhou la première troupe de théâtre. Il dirigea ensuite la troupe El-Kaoukeb en 1937 après avoir créé, à Tolga, la troupe théâtrale des jeunes Okbi. Il participa également à la création durant les années 1920 du parti de l'Etoile nord-africaine, puis le Parti du peuple algérien. Militant communiste et membre actif de l'Association des oulémas algériens, il contribua à diffuser la conscience nationaliste par le théâtre à travers ses pièces épiques en langue arabe. Auteur et metteurs en scène de plusieurs pièces de théâtre en arabe et en tamazight (variante chawi) dont Meni el hak Amziane, Tarak Ibn ziyad ou encore Le Pharaon des Arabes, cette dernière création où il dénonce ouvertement les pratiques esclavagistes, du bachagha Ben Guena Bouaziz ami de l'administration coloniale. D'ailleurs, lorsque ce dernier a eu vent de la pièce Le Pharaon des Arabes, l'ami de l'armée coloniale a fait subir les pires atrocités au militant Chebeh El-Meki. Il a été attaché à un cheval et traîné plusieurs kilomètres, selon des témoins oculaires de l'époque de Biskra. Aussi bien dans la famille du militant et contestataire, que dans le milieu associatif et culturel on s'étonne de constater, que ce personnage brave, courageux et nationaliste soit absent de nos manuels scolaires en dépit de son combat et de sa participation active pour l'acquisition de l'indépendance. Lors des différentes éditions du théâtre amazigh de Batna, aussi bien les invités que les organisateurs avaient émis le vœu de voir la tutelle organiser des journées d'étude ou des séminaires consacrés à ce militant. Dans le même sillage, Selima Saâdi dont Chebah El Meki n'est autre qu'un aïeul, nous a confié : "Un homme qui a osé défier le colonialisme et ses relais par l'art en l'occurrence le théâtre ; ce n'est un secret pour personne que El Meki avait opté pour l'art contestataire et ne cherchait pas à plaire, bien au contraire, il voulait éveiller les esprits et faire prendre connaissance aux Algériens de l'importance de vivre libre et indépendant". Et de renchérir : "À un moment circulait l'idée de donner son nom au Théâtre régional de Batna, il le mérite et ce n'est que justice. Pourquoi ne pas relancer cette idée, à laquelle se sont hélas opposées certaines personnes à Batna, connue pour leur esprit rétif." Des militants du mouvement culturel amazigh, comptent bien saisir la tutelle et relancer l'idée surtout que le Théâtre régional de Batna est toujours sans nom.