Le président français, Emmanuel Macron, a, lors de la conférence de presse qu'il a animée hier, estimé qu'une "révision de la règle du 51/49 renforcera l'investissement français en Algérie". Il a, toutefois, ajouté que "l'Algérie est ‘souveraine' sur cette question". Le chef d'Etat français a, par ailleurs, relevé une "volonté conjointe" entre la France et l'Algérie de "resserrer les liens économiques". Nous avons évoqué "plusieurs sujets bilatéraux", ainsi que des sujets qui trouveront leur issue lors de la 4e session du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (CIHN) qui se tiendra, aujourd'hui, à Paris, a déclaré Macron, à l'issue de son entretien avec le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Il a indiqué avoir également exprimé, dans cet entretien, son "souhait de développer des projets en Algérie", citant notamment "une école du numérique" pour permettre de former la jeunesse dans ce domaine et "un fonds conjoint d'investissement franco-algérien pour accompagner les PME dans la diversification de l'économie de l'Algérie". La visite "d'amitié et de travail" du président français à Alger, d'une douzaine d'heures, a été en partie consacrée aux "liens économiques" entre les deux pays. L'Algérie, en crise financière conséquemment à la chute des cours du pétrole, a besoin de réforme et de diversification économique, et la France, par la voix de son président, se dit prête à contribuer à cela dans l'esprit d'un "partenariat d'égal à égal" à faire de l'investissement un "axe fort" de l'économie. Evidemment, l'Algérie aura tout à gagner d'un accord bilatéral raffermi. L'Hexagone aussi, a fortiori, aujourd'hui avec des échanges commerciaux en perte de vitesse ; en effet, la France a récemment perdu son statut de premier fournisseur de l'Algérie au profit de la Chine. Cela lui reste encore en travers de la gorge, car, c'est un marché important qu'elle ne peut pas se permettre de laisser filer. La France, avec son poids commercial, reste, néanmoins, un acteur d'envergure en Algérie. En termes chiffrés, la balance commerciale était en 2016 à son avantage. En effet, l'Algérie a exporté l'année dernière pour 3,19 milliards de dollars vers la France. Et, elle a importé pour 4,74 milliards de dollars, soit un déficit de 1,55 milliard de dollars. Au chapitre des investissements, l'Hexagone est le premier investisseur étranger en Algérie, en dehors du secteur des hydrocarbures. Cela représente un stock d'investissements français de 2,3 milliards d'euros. Ce stock a augmenté de plus de 4% par rapport à 2015. Les investissements français sont très diversifiés, notamment dans le secteur bancaire et dans l'industrie manufacturière, avec, en premier lieu, l'industrie automobile, puis l'agroalimentaire et l'industrie chimique. Entre 2002 et 2016, un total de 158 projets d'investissement impliquant des investisseurs hexagonaux ont été déclarés auprès de l'Agence nationale de développement de l'investissement (Andi) pour un montant de l'ordre de 340 milliards de dinars, devant générer 22 316 emplois. Par ailleurs, après l'implantation d'une usine Renault à Oran en 2014, PSA Peugeot-Citroën a annoncé, le mois dernier, qu'il allait lancer sa propre unité de production en 2018. Il reste, cependant, encore beaucoup à faire dans ce domaine, car, le nombre et le montant des investissements français demeurent insuffisants par rapport aux ambitions exprimées par les deux pays. Pour donner plus de consistance à cette tendance, des efforts supplémentaires sont nécessaires de part et d'autre. Youcef Salami