Afin de dénoncer l'interpellation musclée des étudiants, des jeunes de la région d'El-Adjiba ont fermé l'autoroute Est-Ouest. Les membres du service d'ordre ont violemment réprimé, hier, la marche à laquelle avait appelé le Collectif libre des étudiants de l'université de Bouira. Cette action qui se voulait pacifique, puisque ses initiateurs étaient clairement identifiés, a non seulement été empêchée par la police, mais les participants ont été violentés et embarqués sans ménagement par les éléments des Unités républicaines de sécurité (URS). Selon des sources sécuritaires, le bilan des arrestations s'élèverait à 50 étudiants. En effet, près de 500 étudiants venus des quatre coins de la wilaya, se sont regroupés vers 8h du matin à la gare routière de Bouira, dans le but de battre le pavé pour exiger, selon un communiqué transmis aux médias, "l'obligation et la généralisation de l'enseignement de la langue amazighe, la réouverture immédiate des portes de l'université et le lancement de poursuites judiciaires contre les membres des organisations (Onea, Ugel) responsables d'agressions contre les étudiants". Ces étudiants, qui portaient des gilets et des brassards permettant de les identifier, ont brandi des banderoles sur lesquelles on pouvait lire notamment "Halte à la répression", "Si l'Algérie est arabe pourquoi l'arabiser, si elle ne l'est pas pourquoi l'arabiser ?", une citation de Kateb Yacine. Aux alentours de 9h30, un impressionnant cordon sécuritaire, dont des forces anti-émeutes et des agents en civil, ont encerclé les manifestants, leur signifiant que leur marche n'a pas été autorisée et que, par conséquent, ils doivent l'annuler. Les marcheurs ont émis une fin de non-recevoir et tenaient mener à bien leur action de protestation, en scandant "Assa azekka, tamazight tella tella !", "À bas la répression". Vers 9h45 et profitant de la confusion ambiante, les éléments des URS sonnent la charge et dispersent la foule d'une manière brutale. Une grande tension naît alors aux abords de la gare routière de Bouira et la circulation automobile a été interrompue. Des interpellations en série ont été opérées. "Honte à vous ! Honte à ceux qui vous ont ordonné de nous frapper. On est des étudiants et non des criminels", s'écriera un étudiant au moment de son arrestation. Quelques heures plus tard, et afin de dénoncer l'interpellation musclée des étudiants, des jeunes de la région d'El-Adjiba (est de Bouira), ont fermé l'autoroute Est-Ouest, au niveau de ladite localité. Ainsi, c'est aux alentours de 15h30 que des dizaines de manifestants ont barricadé la route à l'aide de blocs de pierres et autres troncs d'arbres, pour s'insurger contre la "brutalité policière" survenue lors la marche avortée des étudiants en faveur de la promotion de tamazight. En effet, ces manifestants ont scandé durant leur action, des slogans hostiles au pouvoir, tels que "Pouvoir assassin" et "Uac smah ulac", tout en exprimant leur attachement à la promotion de la langue amazighe et à la généralisation de son enseignement à travers le territoire national. Rapidement, les éléments de la Gendarmerie nationale sont intervenus pour disperser la foule et libérer la circulation. Lors de leur intervention, les services de sécurité ont essuyé des jets de pierres, ce qui a provoqué quelques échauffourées sans gravité. Vers 16h, la circulation automobile a été rétablie. Ramdane Bourahla