Un collectif d'étudiants a appelé à une autre marche pour aujourd'hui. La ville de Bouira a connu, hier, un climat de tension et de confusion autour d'une troisième marche citoyenne en faveur de la promotion et de la généralisation de tamazight. Ainsi, une centaine de jeunes, entre lycéens et étudiants, venus des communes limitrophes du chef-lieu de wilaya, ont bel et bien tenté de marcher, mais ils ont été empêchés par les services de l'ordre qui ont renforcé leur dispositif sécuritaire autour des principaux accès de la ville. La première tentative de marche a été organisée vers 10h30, au niveau de la cité des 130-Logements où plusieurs dizaines de jeunes manifestants, se sont regroupés en scandant des slogans hostiles au pouvoir, ainsi que les traditionnelles "Ma ulac tamazight, ulac, ulac", ou encore "Assa azekka, tamazight tella tella !". Quelques minutes après le début de cette marche, les forces anti-émeutes sonneront la charge contre les manifestants qui se sont dispersés dans une cohue indescriptible. D'ailleurs, plusieurs interpellations ont été opérées par les services de l'ordre. Vers 12h45, une autre tentative de marche a été avortée au niveau du quartier populaire de l'Ecotec, où une cinquantaine de manifestants ont, pendant quelques minutes, barricadé le boulevard principal à l'aide de bennes à ordures. Là encore, les forces anti-émeutes se sont empressées d'intervenir de manière musclée. Vers 13h30, les manifestants ont appelé "en renfort" leurs camarades des communes avoisinantes, notamment Bechloul et El-Esnam. Néanmoins, les bus ont été interceptés à la sortie est de la ville de Bouira et leurs passagers ont été refoulés par les gendarmes. Certains commerçants de la ville, notamment ceux situés dans des quartiers chauds, tels que le boulevard Krim-Belkacem, la rue Abane-Ramdane et le boulevard des Frères-Boussendala, ont baissé rideau de crainte d'éventuelles débordements, comme ce fut le cas mercredi dernier. Les services de la voie publique, tout comme ceux des Unités républicaines de sécurité (URS) et également des agents en civil étaient mobilisés dès les premières heures du jour pour interdire aux manifestants les accès à la ville. Bouira était totalement quadrillée. Par ailleurs, les lycéens des communes d'Ath Rached, d'Ath Laqser et de Haïzer ont organisé des actions afin de réclamer la promotion de la langue amazighe et s'insurger contre la loi de finances 2018. En outre, le Collectif libre des étudiants de l'université de Bouira, une organisation estudiantine proche du Département de langue et culture amazighes (DLCA), appelle à une marche citoyenne pour aujourd'hui, lundi, dans le but, selon un communiqué publié hier, d'exiger "l'obligation et la généralisation de l'enseignement de la langue amazighe, la réouverture immédiate des portes de l'université et le lancement de poursuites judiciaires contre les membres des organisations (Onea, Ugel) responsables d'agressions contre les étudiants", est-il mentionné. Cette marche, n'a toujours pas été autorisée par les services concernés, ce qui pourrait donner lieu à des affrontements, comme ce fut le cas lundi passé, aux abords de l'université de Bouira. RAMDANE BOURAHLA