Le directeur général du commerce extérieur au ministère de tutelle, Saïd Djellab, estime que le tassement qu'ont connu les réductions des importations, a motivé l'abrogation du dispositif de licences d'importation. "Les licences n'ont plus l'effet de baisse des importations tant escompté", explique-t-il. En matière d'impact financier, affirme-t-il, les "licences ont leurs limites". La révision de ce dispositif est due, également, indique M. Djellab, à plusieurs facteurs, notamment l'installation en Algérie de quelques constructeurs automobiles et la satisfaction des besoins nationaux en rond à béton et en ciment par la production locale. De nouveaux instruments appelés à se substituer au système des licences d'importation sont sur le point d'être activés pour cibler d'autres produits. À propos de l'interdiction de 45 familles de produits à l'importation, Saïd Djellab confirme qu'il s'agit d'une "suspension provisoire" qui touchera 851 sous-positions tarifaires (produits). C'est une "mesure de sauvegarde" à laquelle recourt tout gouvernement en cas de déficit de la balance des paiements. Ce sont des produits qui, selon lui, vont créer une valeur ajoutée locale en Algérie et non à l'étranger et peuvent être destinés à une substitution des marchandises habituellement importées. Cette catégorie de produits n'a pas été choisie au hasard, avoue M. Djellab, mais sur la base des requêtes des opérateurs économiques. C'est le cas du groupe agroalimentaire qui englobe, entre autres, les préparations alimentaires, les conserves des fruits et légumes, pour lesquelles les services compétents au ministère ont reçu des demandes des producteurs dans le but d'augmenter la production ou de réaliser des partenariats avec des firmes étrangères. "C'est tout à fait normal qu'on leur accorde une marge d'une, de deux ou de trois années pour que ces opérateurs puissent se placer sur le marché national", affirme M. Djellab sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III. Le deuxième créneau d'activité concerné est la production de céramique. Des discussions ont été menées entre les services du commerce extérieur au ministère et l'association des producteurs qui couvrent plus de 100% de la demande nationale. "Il faut donner à ces opérateurs la possibilité de consolider leur investissement, augmenter la production et aller par la suite vers l'exportation", relève ce responsable. Idem pour la robinetterie, les produits plastiques, les tracteurs (une mévente de plus de 1 000 unités à cause des importations), les moissonneuses-batteuses... Autant de créneaux menacés par les importations. D'où la suspension provisoire de leurs importations. Cette liste n'est pas figée et peut être mise à jour tous les 3, 6 ou 8 mois en fonction de la dynamique économique du pays. Les licences ont, toutefois, contribué, rappelle M. Djellab, à la réduction substantielle du niveau des importations. Pour les trois produits ciblés précédemment, à savoir les véhicules, le rond à béton et le ciment, le gain réalisé a avoisiné les 3 milliards de dollars. En l'élargissant à 22 autres groupes de produits, le dispositif a permis l'économie de 2,3 milliards de dollars. "La diminution progressive des importations a fait baisser leur financement de 58 milliards de dollars, en 2014, à 51 milliards, en 2015, puis à 46 milliards en 2016 et à 42 milliards durant les onze mois de 2017." B. K.