La France d'Emmanuel Macron, qui cherche à s'imposer en médiateur clé dans le dossier libyen, a pressé jeudi les camps rivaux de s'entendre au plus vite pour organiser des élections au printemps alors que le pays reste plongé dans le chaos. "Ce calendrier est la solution politique indispensable à la Libye. Il faut maintenant (le mettre en œuvre) avec la plus grande célérité", a martelé le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, venu rencontrer les deux principaux protagonistes de la crise à Tripoli et Benghazi (Est). "Quand je dis printemps, je dis printemps", a-t-il insisté, en notant que c'était aussi le calendrier de l'émissaire spécial de l'ONU pour la Libye, Ghassan Salamé. Le plan d'action présenté en septembre par M. Salamé devant le Conseil de sécurité de l'ONU prévoit plusieurs étapes institutionnelles, dont notamment un référendum sur la Constitution et la préparation d'une loi électorale, avant la tenue d'élections en 2018 à une date non précisée. La mise en œuvre de la totalité du plan semble toutefois difficile d'ici le printemps, tant les divisions politiques restent importantes. Les deux principaux rivaux, le Premier ministre Fayez al-Sarraj et le maréchal Khalifa Haftar, se sont engagés sur un processus de sortie de crise le 25 juillet en France sous les auspices du président Emmanuel Macron. Mais leur rapprochement reste depuis laborieux et compromis par les incertitudes sur les intentions du maréchal Haftar, l'homme fort de l'est du pays, soutenu par l'Egypte et les Emirats arabes unis mais accusé par ses détracteurs de vouloir prendre le pouvoir et instaurer une dictature militaire. Prenant le contrepied du Conseil de sécurité de l'ONU, Khalifa Haftar a d'ailleurs décrété dimanche que l'accord politique interlibyen signé le 17 décembre 2015 à Skhirat (Maroc) était devenu caduc et avec lui le gouvernement d'union nationale (GNA) de M. Sarraj, soutenu par la communauté internationale. Le chef de la diplomatie française est donc arrivé avec un message de fermeté à la base militaire de Rajma, fief du maréchal près de Benghazi, d'où il commande 15 000 à 20 000 hommes à la tête de l'Armée nationale libyenne (ANL). Quelle en était la tonalité ? "C'était : il n'y a pas d'autre alternative (que l'accord de Skhirat), y compris pour vous. Vous avez une image internationale reconnue, mettez-là au service de votre pays", a résumé Jean-Yves Le Drian à l'issue d'une heure d'entretien. Faute d'élections au printemps, la situation risque de devenir incontrôlable dans ce pays déchiré entre fractions et milices depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, avertit-on à Paris. Depuis son installation en mars 2016, le GNA peine à asseoir son autorité hors de Tripoli et fait face à l'hostilité persistance du Parlement élu en 2014 et basé dans l'Est, à Tobrouk. R. I./Agences