Lors de l'inauguration de la 26e édition de la Foire de la production algérienne (FPA), à Alger, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a jeté un pavé dans la mare en déclarant au vice-président de l'Association des concessionnaires et des constructeurs algériens (AC2A), Mourad Oulmi, et au vice-président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Mohamed Bayri, qu'"à l'avenir, vous serez cinq pour l'automobile et cinq pour les camions. Ceci ne va pas plaire à certains mais, en tant que gouvernement, nous avons à défendre les intérêts du pays". Ouyahia a révélé pour la première fois que le gouvernement a enregistré 60 demandes pour l'assemblage de véhicules en Algérie. Les observateurs s'interrogent sur le sort des constructeurs qui activent actuellement et de ceux dont les usines sont en phase de négociations. La situation est d'autant plus complexe quand on sait que la profusion de projets d'usines est le fruit de la décision du gouvernement qui, en 2014, avait imposé aux concessionnaires de développer une activité industrielle ou semi-industrielle, faute de quoi, ils se verraient retirer leur agrément. Les opérateurs ont même été sommés, en 2015, d'orienter leurs investissements dans la sous-traitance automobile et la fabrication de la pièce de rechange. Entre-temps, des opérateurs ayant obtenu des autorisations provisoires ont commencé à produire et ont installé des hangars pour faire du boulonnage, pour paraphraser le Premier ministre. Ces derniers n'avaient alors aucune autorisation du Conseil national d'investissement (CNI) et activaient sans agrément final. Malgré le décret exécutif n°17-344 du 28 novembre 2017 fixant les conditions et les modalités d'exercice de l'activité de production et de montage de véhicules qui donne un délai de grâce à ces opérateurs pour s'y conformer, notamment l'obligation d'associer un partenaire étranger, le gouvernement a réduit le nombre d'opérateurs à seulement cinq pour l'automobile et à cinq pour le camion. Or, on dénombre actuellement cinq opérateurs qui produisent et qui commercialisent, à savoir Renault, Sovac-Volkswagen, Glovitz (Kia), Hyundai de TMC (groupe Tahkout) pour Hyundai et Iveco du groupe Ival. Parallèlement, Suzuki du groupe Tahkout (installé à Saïda) a officiellement été annoncée avant de participer au Salon Autowest (Oran) qui a fermé ses portes le 17 décembre dernier. Une dizaine d'usines ont également été annoncées dans la foulée et sont à un stade avancé des négociations, à l'image de Fiat, Ford et de deux marques chinoises. Du coup, l'ambiguïté est de taille sur le devenir de ces usines, notamment celles qui sont entrées en production sans l'aval du CNI ou encore celles incriminées par le Premier ministre de ne pas avoir engagé de sous-traitants et d'équipementiers. Du reste, M. Ouyahia demeure sceptique quant aux effets d'annonce de certains opérateurs qui se projettent dans l'exportation. "C'est une chanson vieille de 20 ans ! Limitons-nous d'abord à l'intégration, ensuite, on parlera de l'exportation", ironisera le Premier ministre qui fera, par ailleurs, le parallèle avec le nombre très important de minoteries en Algérie qui profitent d'une multitude de facilitations sans pouvoir relever le défi de l'exportation. "On va pas faire comme pour les minoteries surcapacité de production, ndlr)." FARID BELGACEM