L'Algérie n'autorisera pas tous les concessionnaires automobiles à installer des usines de montage. Les investisseurs dans le montage de véhicules en Algérie ont de plus en plus de soucis à se faire. Et pour cause, le gouvernement affiche sa volonté de limiter le nombre d'opérateurs sur le marché local d'assemblage automobile. Lors de l'inauguration, jeudi, de la 26e édition de la Foire de la production algérienne (FPA), le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, après avoir annoncé la décision de ne plus importer de véhicules à partir de 2018, a pointé du doigt le nombre "trop important" enregistré pour les demandes d'assemblage de véhicules en Algérie. Il a fait savoir, à ce titre, que le ministère de l'Industrie a enregistré à ce jour 60 demandeurs pour l'assemblage de véhicules en Algérie, en affirmant que l'Etat va "mettre de l'ordre" dans ce marché. "Il n'y aura pas 50 producteurs de véhicules légers ou lourds (en Algérie), la liste sera très limitée (...) C'est un marché qui va être rétréci et qui sera monopolisé. Nous comptons sur ceux qui sont sur place pour tenir la barre", a déclaré Ahmed Ouyahia. Evoquant le nombre d'assembleurs automobiles en Algérie, le Premier ministre a dit, en s'adressant à un concessionnaire qui a déjà investi le marché de l'assemblage, "dans l'avenir vous serez 5 pour l'automobile et 5 pour les camions", mais sans donner plus de détails. Le Les assembleurs limités à 5 pour l'automobile et 5 pour le camion Le Premier ministre reconnaît que "ceci ne va pas plaire à certains mais, en tant que gouvernement, nous avons à défendre les intérêts du pays", a-t-il lâché. Cette démarche du gouvernement est surtout dictée par l'amenuisement des réserves de change du pays du fait de la baisse des cours du pétrole. "Nous n'avons plus de devises à gaspiller et dites-le à vos amis du secteur : aujourd'hui, ça leur semblera une démarche gouvernementale un peu brutale, mais il faut qu'ils pensent aussi que, dans quatre ans, ils risquent tous de baisser rideau", a-t-il lancé à l'égard d'un assembleur de véhicules. "Si on a arrêté d'importer 500 000 véhicules/an, soit 6 milliards de dollars, ce n'est pas pour importer 600 000 ou 800 000 kits aujourd'hui. Les 500 000 véhicules étaient importés à l'époque où nous avions 174 milliards de dollars (de réserves de change, Ndlr), mais aujourd'hui, à novembre, nous n'en avons que 98 milliards de dollars", a-t-il argué, ajoutant que "nous n'allons pas consommer toutes les devises de l'Algérie en important des kits". Les propos d'Ahmed Ouyahia laissent accroire que les pouvoirs publics ne sont pas satisfaits de cette première expérience et semblent prendre conscience qu'il s'agit de simples assemblages de kits, sans grande valeur ajoutée. Le gouvernement avait déjà annoncé sa volonté de mettre le holà à des importations qu'il a qualifiées de "déguisées" en mettant sur pied un nouveau cahier des charges. D'ailleurs, à l'adresse du représentant de Renault, le Premier ministre a posé une condition quant à son augmentation de la production, à savoir faire comme Peugeot en ramenant ses sous-traitants. Pour leur première participation à la Foire de la production algérienne, les opérateurs dans le secteur de l'assemblage automobile ont eu à rencontrer un Premier ministre aux propos sans concessions en évoquant le cas d'opérateurs qui essayent de se lancer dans cette activité sans même attendre d'avoir les agréments nécessaires. À l'adresse d'un opérateur qui a évoqué les exportations, Ahmed Ouyahia a répliqué que "c'est une chanson que j'entends depuis plus de vingt ans". Il faut dire que la profusion de demandes pour l'assemblage de véhicules en Algérie fait suite à l'obligation faite à tout concessionnaire qui commercialise des véhicules en Algérie de se convertir dans l'industrie automobile ou dans la fabrication de la pièce de rechange sous peine de voir son activité commerciale suspendue. Si l'on s'en tenait aux propos du Premier ministre qui fixe le nombre d'opérateurs à 5 pour l'automobile et 5 pour les camions, les places sont, pour ainsi dire, prises et l'Algérie n'autorisera aucun autre concessionnaire automobile à s'installer. Saïd Smati