Devant l'échec des négociations avec les Américains pour trouver un accord sur les conclusions de l'enquête sur la mort de l'agent Calipari, les autorités italiennes ont décidé de mener leur propre enquête. Difficile de dire jusqu'où ira le bras de fer entre Américains et Italiens au sujet de l'affaire de la journaliste Giuliana Sgrena, tant les deux parties divergent sur les circonstances. Rome refuse les conclusions de la partie américaine dans l'enquête commune menée sur la mort de l'agent du renseignement italien, Nicola Calipari. Ayant élevé ce dernier au rang d'héros national, à travers des obsèques officielles, le gouvernement italien refusent que ses bourreaux ne soient pas sanctionnés. Réagissant fermement, les autorités romaines ont chargé leur parquet, qui enquête déjà sur l'affaire, d'accélérer ses investigations. Dans l'espoir d'être convaincant, le parquet romain a mis trois juges d'instruction sur l'affaire. Ils vont entendre, la semaine prochaine, le diplomate italien et l'agent qui ont pris part à l'enquête commune. Par la suite, une équipe de 18 policiers scientifiques entamera également une expertise balistique sur la Toyota Corolla, qui a été rapatriée en Italie, dans laquelle Sgrena et Calipari se trouvaient. Ils auront recours à un matériel sophistiqué. À l'aide de lasers et de microscopes, les membres de ce groupe vont tenter de calculer d'où les balles ont été tirées et par qui. Selon Gianfranco Fini, le chef de la diplomatie italienne, “du point de vue de l'Italie, il revient à la justice de faire tout ce qui est en son pouvoir, évidemment avec l'appui du gouvernement”. Cette déclaration est intervenue à la suite de l'échec des responsables américains et italiens à trouver un accord sur les conclusions de l'enquête commune. Dans cette optique, un responsable de l'armée américaine a déclaré, au cours de cette semaine, qu'il contestait deux conclusions du premier rapport : la vitesse de la voiture à son approche du point de contrôle et la nature des communications entre les Italiens et les troupes américaines avant l'accident. S'engouffrant dans cette brèche, le gouvernement italien assure que le véhicule roulait à petite vitesse, qu'il n'avait reçu aucun avertissement et que les autorités américaines avaient été averties de l'exfiltration de Sgrena. Prenant l'affaire très au sérieux, le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, s'est mis de la partie en décidant de renvoyer le dossier la semaine prochaine au Parlement. Sa réaction s'explique par les sévères critiques de l'opposition sur le sujet, en particulier, et sur sa politique étrangère, de manière générale. “Nous nous sommes retrouvés isolés en Europe en nous alignant sur la position américaine en Irak”, a affirmé le parlementaire de gauche, Ugo Inti. K. A.