Non seulement Benchicou risque une hémiplégie du bras droit, mais il est également à craindre que, faute de prise en charge spécialisée urgente, la lésion gagne les autres membres et provoque des dégâts irréversibles. C'est dans des conditions pour le moins difficiles que la presse algérienne célèbre aujourd'hui la Journée internationale de la liberté de la presse, notamment avec le maintien en prison de Mohamed Benchicou, le directeur de publication du quotidien Le Matin, malgré la détérioration de son état de santé. Souffrant d'un début d'arthrose au moment de son procès, Mohamed Benchicou a dû renoncer aux soins spécialisés qu'il recevait dans un hôpital d'Alger, ce qui a eu pour effet d'aggraver sa maladie. Près d'une année après sa condamnation à une peine de deux années de prison ferme dans l'affaire des bons de caisse, Mohamed Benchicou, dont la défense est assurée, entre autres, par Mes Bourayou, Brahimi et Benarbia, ne désespère pas de retrouver la liberté, même provisoire, afin d'accéder aux soins spécialisés, à savoir le traitement neurochirurgical exigé par sa maladie. Mais il semble que le cap est maintenu en haut lieu pour faire payer au directeur de ce quotidien, aujourd'hui disparu des kiosques, les écrits qu'il a commis durant la période qui a précédé les élections présidentielles du 8 avril 2004. Agissant conséquemment à une requête du médecin de la prison, alarmé par l'évolution de l'état de santé du détenu, le collectif d'avocats avait présenté une demande de mise en liberté provisoire de Mohamed Benchicou pour raisons de santé. Mais la cour d'Alger, après examen de la requête, le 20 avril dernier, avait opposé un niet catégorique à cette demande. Récemment, le Comité pour la liberté de la presse en Algérie, qui s'était référé au dossier médical établi par le médecin de la prison et transmis aux autorités judiciaires, avait appelé à sa libération. Selon ce dossier, le diagnostic serait des plus pessimistes : non seulement M. Benchicou risque une paralysie du bras droit, mais il est également à craindre que faute de prise en charge spécialisée urgente, la lésion gagne les autres membres et provoque des dégâts irréversibles pour sa mobilité et ses fonctions respiratoires. Le comité constatait qu'“après sa condamnation arbitraire et son incarcération abusive, l'inflexibilité et la discrimination dont il (Benchicou, ndlr) est victime en matière de prise en charge médicale constituent une nouvelle violation de ses droits humains et une autre forme de déni de justice”. Me Bourayou a estimé hier que “le plus préoccupant aujourd'hui, c'est l'état de santé du détenu”, et qu'il importe pour les autorités judiciaires “de veiller à prendre en considération cette situation”. Pour Me Bourayou, les deux dernières condamnations à des peines cumulées de 5 mois de prison ferme prononcées le 19 avril dernier contre M. Benchicou ne peuvent constituer un obstacle à une éventuelle mise en liberté conditionnelle du concerné, car, explique-t-il, la condamnation dans ces affaires n'est pas définitive, et la défense n'a d'ailleurs pas manqué de faire appel. Il faut dire que des personnalités et non des moindres, comme l'ancien président Ahmed Ben Bella, avaient récemment appelé à la libération du concerné. H. S.