Il était une fois, au pays des Kotamas, une belle célébration se préparait pour le 12 Janvier de chaque année. Certains l'appelaient Yennayer, d'autres – parmi eux, ma grand-mère – l'appelaient Yennar. Cette fête marquait le 1er jour du calendrier agraire antique et comprenait un ensemble de pratiques symboliques qui rentrait dans le contexte culturel d'Ighil-ghili, communément connue sous le nom de Jijel, le berceau de la Kabylie des Kotamas. Jusqu'à nos jours, persiste dans la région des légendes, des mythes entourant Yennayer. Mes aïeux racontaient l'histoire de cette femme qui n'a pas pu sortir ses chèvres durant le froid glacial de Janvier et qui alla demander quelques jours en plus du mois de Janvier. Une conversation s'installa : « Taz fik ya Yennar (Janvier), khrejt w madirt fia hetta aar » dit la chèvre. Yennar lui répond : « Matkhafch, nsellef youmin men khouyi Furar (Février) w nkhelli krinatek ylaabou bihem sghar men fouk e'dar l kaa e'dar ». Pour célébrer le Nouvel An (dit Ras-el-Aam), les familles montagnardes à Jijel, préparent l'incontournable plat « Leftat » : des feuilles de pate fines à base de semoule, arrosées d'une sauce blanche pour laquelle on égorge le plus beau coq ou la plus belle poule. Tandis que dans les régions Ouest de la Wilaya – Ziama, Erraguene et Boublatène -, du couscous agrémenté de poulet de légumes est préparé ainsi que des crêpes traditionnelles « Leghrayef ». Aujourd'hui, les « Jwajla » reviennent peu à peu vers ces us et mœurs ancestraux, par tradition pour certains et consciemment par d'autres. Au sein de la crise culturelle dans laquelle nous vivons, nous avons tendance à puiser dans des valeurs sûres sans trop se demander pourquoi, que d'affronter un inconnu mais dans l'espoir que la conscience reprendra son cours. Tandis qu'un beau Vendredi s'annonce pour bientôt, je continuerai à célébrer Yennayer à la manière de ma grand-mère. Rim MENIA Partenariat Réd-DIG-"Liberté"(#RDL)/NOMAD (EPAU)