D'origine berbère, la tribu des Zardezas vit, depuis des lustres, au sud de Skikda, sur une immense étendue rocheuse située à plus de 1000 m d'altitude. Le fractionnement administratif des Zardezas en 4 communes: Zardezas, Leghdir, Essebt et Ouled Hbaba, n'altérera en rien l'union de cette grande tribu, qui continue, à ce jour à fêter Yennayer, le nouvel an amazigh. «Chez les Zardezas on dit Yennar et on le fête à ce jour, même si dans les agglomérations urbaines les traditions ont tendance à disparaître», explique Nekakaâ Smaïl, véritable mémoire de la région et fervent défenseur des traditions locales. Selon lui, la fête de Yennar n'est qu'une autre facette d'un ensemble d'us et coutumes qui unissent la région à ses origines. «La touiza est toujours pratiquée dans l'ensemble de la région soit, lors des moissons ou des constructions de maisons individuelles», poursuit-il. Pour revenir à Yennar, il précisera que les préparatifs précédent l'événement de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois. Les femmes, principales garantes de la réussite de la cérémonie, élèvent un nombre précis de poulets lesquels seront destinés exclusivement au dîner de Yennar. «Le poulet représente le met principal. On l'agrémente bien sur avec Leftate, une sorte de pâtes traditionnelles. Chaque membre de la famille dispose de son propre poulet qu'il doit marquer avant de le mettre à cuire dans Lemdouha ou El Hallab (des fait-tout traditionnels –ndlr-). Lors de la soirée, on allume les bougies et on ressort El Guennoucha (brasero) pour parfumer l'atmosphère de Jaoui (Benjoin)», ajoute M. Nekakaâ. Yennar, encore fêté à travers les hameaux de la région sert aussi d'occasion d'échange et de partage entre les membres de la tribu. «Les habitants des Mechtas qui entretiennent de bonnes relations entre eux, profitent de cette fête pour s'inviter les uns les autres. Cette invitation reste cependant assez spéciale aux Zardezas, car l'invité doit apporter avec lui un poulet cuit qu'il offrira à son hôte. Ce dernier n'oubliera pas, après le partage du dîner, d'offrir à son tour, un autre poulet à l'invité», témoigne M Nekakaâ.