Même si le premier jour de l'an berbère a toujours été fêté comme il se doit en Kabylie, notamment ces dernières années où le combat amazigh aura porté ses fruits, il faut bien admettre que "Yennayer 2968" aura bénéficié d'un cachet particulier et d'une ferveur populaire sans précédent grâce à son nouveau statut officiel qui l'a consacré en tant que fête nationale et jour férié, chômé et payé à travers tout le pays. Dans les villes et les villages de Kabylie, la fête aura donné lieu à des "waâdas", des kermesses, des offrandes collectives, des activités récréatives, des expositions, des conférences-débats et des galas artistiques non-stop notamment durant ces deux derniers jours où les citoyens s'en sont donné à cœur joie pour accorder beaucoup plus d'éclat à cette fête ancestrale et exprimer ainsi un gros sentiment de fierté et de satisfaction qu'aura procuré la reconnaissance officielle de Yennayer en Algérie. C'est ainsi que deux grands couscous populaires ont été organisés, hier, à la mi-journée, respectivement par la DJS de Tizi Ouzou au Complexe sportif du 1er-Novembre et par la direction de la culture à la maison de la culture Mouloud-Mammeri ; ils ont été suivis d'un superbe gala artistique alors que, sur les hauteurs de la ville des Genêts, le village de Redjaouna aura planté un décor féérique pour fêter ce Yennayer pas comme les autres. Sur l'autre versant de Tizi Ouzou, les villages de l'arch de Betrouna ont conjugué tous leurs efforts pour faire de Yennayer 2968 une journée de gaieté, de retrouvailles et d'allégresse populaire. À l'instar des contrées de Kabylie, Bouzeguène, Azazga, Ifigha, Idjeur, Illoula Oumalou, Yakourène, Fréha et Aït Zikki ont été aussi au rendez-vous de l'événement et ont vibré aux couleurs et aux traditions festives de Yennayer. Cette année, les réjouissances ont augmenté de ferveur populaire et de fierté villageoise pour vivre allégrement ce "premier Yennayer officiel" dans l'histoire du pays. Les associations culturelles, les comités de villages, les artistes et les hommes de culture de la région se sont impliqués dans l'organisation et l'animation des festivités de Yennayer, et ce, à la grande joie des villageois et surtout des enfants qui auront vécu des moments de joie sans précédent. Quelle joie d'écouter la poésie ancienne de Nna Fatima Aliane, de Sâadia Touat, des sœurs Akkou, non voyantes, qui nous ont délectés à souhait de leurs poèmes, spécialement dédiés à Yennayer et au 1er jour de l'an agraire. Même les émigrés ont tenu à revenir au village, pour la première fois, afin d'assister à la première fête nationale de Yennayer, à valeur de recouvrement identitaire et de réconciliation avec l'histoire millénaire de notre pays. Par ailleurs, le gros village de Tighilt-Mahmoud, perché sur les hauteurs de la commune de Souk El-Tenine, aura vécu un joyeux Yennayer avec un beau programme d'activités festives organisées par l'association culturelle Tighilt nagh. Le coup d'envoi des festivités a été donné mardi avec une conférence animée par l'écrivain et chercheur bien connu Younes Adli, auteur de plusieurs ouvrages sur la culture amazighe, qui, à l'occasion, a traité de "l'Histoire des Berbères". De belles expositions auront brassé les multiples volets du patrimoine culturel amazigh tels que la poterie, la robe kabyle, les bijoux traditionnels et l'art culinaire au siège de l'association qui fait office aussi de siège du comité de village. La journée d'hier, 12 janvier, a été consacrée à un concours de dessin et de dictée en tamazight pour les enfants de l'école primaire du village qui a abrité aussi un défilé de mode traditionnelle. Enfin, la journée a été clôturée par une seconde conférence animée par le Dr Ahmed Boualili, professeur à l'université Mouloud-Mammeri, qui a traité de "la mythologie berbère". Synthèse M. H./K. N. O./R. A.