L'information révélée en exclusivité par Liberté le 10 décembre 2017, au sujet du rejet du dossier d'Ould Zmirli pour le comité exécutif de la CAF, s'est avérée fondée. En effet, le comité exécutif, réuni mercredi à Casablanca au Maroc, a publié un communiqué dans lequel il révèle qu'"une seule candidature a été invalidée par le comité exécutif pour avoir été expédiée en dehors des délais réglementaires (7 décembre ndlr): c'est celle de Bachir Ould Zmirli (Algérie)", soit exactement ce que nous écrivions dans ces mêmes colonnes. La CAF précise à ce titre que "pour la Zone Nord (1 poste) le candidat est Jamal El-Jaâfri (Libye). Pour la Zone Ouest A (1 poste), c'est Augustin Senghor (Sénégal), la Zone Ouest B (1 poste), Sita Sangare (Burkina Faso), la Zone Centre (1 poste), Patrice Edouard Ngaissona (RCA) et Pierre Alain Mounguengui (Gabon)". Au mois de novembre 2017, la CAF avait décidé d'organiser le 2 février prochain à Rabat, au cours de son assemblée générale, l'élection de 4 membres supplémentaires du comité exécutif. "Cette assemblée générale procédera, entre autres, à l'élection de quatre membres supplémentaires du comité exécutif afin de mettre un terme au cumul des mandats", explique la CAF, et ce, suite aux départs de Kwesi Nyantakyi (Ghana, zone ouest), Constant Omari (RDC, zone centrale), Tarak Bouchemaoui (Tunisie, zone nord), Almamy Kabele Camara (Guinée, zone ouest A) pour le comité exécutif de la FIFA. Dans une première réaction à cette décision de la CAF, le président de la FAF, Kheireddine Zetchi a défendu la position de son instance en insistant sur le fait que "le dossier a été bel et bien envoyé dans les délais réglementaires". "Je ne comprends pas pourquoi la CAF prend en compte la date de la réception du dossier et non pas celle de l'envoi", dit-il. Cependant, les statuts de la CAF sont clairs là-dessus : selon l'alinéa 6 de l'article 18 des statuts de la CAF, "les candidatures reçues après le délai prescrit (le cachet officiel de la poste du Caire faisant foi) feront l'objet d'un rejet automatique. Les candidatures doivent parvenir au secrétariat général sous pli recommandé, avec accusé de réception ou toute forme de courrier rapide ou express, le justificatif y afférent faisant foi". Zetchi veut aller au TAS de Lausanne mais... Autrement dit, la candidature d'Ould Zmirli a été rejetée automatiquement. La CAF ne prend pas en compte les dates d'envoi, car en fait n'importe quelle fédération peut falsifier la date d'envoi localement à travers un envoi antidaté, alors qu'il est impossible de falsifier en Egypte la date de réception (le cachet officiel de la poste du Caire faisant foi). Et puis, il est bien connu dans toutes les administrations du monde, qu'il est pris en compte pour l'application de telle ou telle mesure, la date de la réception de la notification et non pas la date de l'envoi. Du coup, la FAF donne l'impression qu'elle ne maîtrise pas les statuts de la CAF. Zetchi a évoqué en outre la possibilité de recourir à l'arbitrage de Lausanne, il faut savoir que c'est peine perdue pour la simple raison que la CAF n'a fait qu'appliquer strictement ses statuts. Une éventualité du reste écartée d'emblée par les observateurs qui estiment que la FAF n'a pas intérêt à entrer en guerre avec la CAF. Pour sa part, le vice-président de la FAF, Ould Zmirli, n'a pas encore réagi à l'invalidation de sa candidature. Selon ses proches, il aurait decidé de tourner la page pour ne pas susciter une crise au sein de la CAF en réclamant des explications. La FAF paye donc cash sa méconnaissance des statuts de la CAF et surtout son inertie pour avoir attendu le dernier moment pour désigner un candidat alors qu'elle pouvait le faire au moins deux semaines auparavant. Le secrétaire général de la FAF, Mohamed Saâd, avait beau envoyer trois messages de rappel pour avertir sa hiérarchie sur les délais de dépôt de dossier, Zetchi tardait toujours à trancher avant de désigner Ould Zmirli dans les temps morts. Au lieu de jeter la pierre à la CAF, la FAF serait mieux inspirée de diligenter une enquête pour déterminer les responsabilités dans ce désastre administratif et ce ratage monumental. L'opinion sportive et les membres de l'assemble générale ont le droit de savoir ce qui s'est réellement passé dans ce dossier qui fait perdre à l'Algérie, avec une légèreté déconcertante, une occasion en or de revenir dans le cercle de décision de la CAF, huit mois après la défaite de Raouraoua devant le Marocain Lakdjaa ! SAMIR LAMARI