"L'échec de toutes les villes nouvelles en Occident ou chez nous ne réside pas dans l'absence ou présence de l'aspect esthétique, fonctionnel ou autres, mais dans la négligence d'un facteur déterminant, très cher aux urbanistes et aux architectes, à savoir le travail sur place", dira M. Aichour, directeur de l'Institut d'architecture et d'urbanisme de l'université de Batna. Celui-ci n'a vu le jour que récemment, lors d'une restructuration durant l'année universitaire 2015-2016. L'établissement ne possédait qu'un département, du potentiel, des compétences et la proximité d'un riche patrimoine, qui ont peut-être contribué, d'une manière ou d'une autre, à l'ouverture du département, qui laisse espérer une vue plus globale, mieux appropriée et surtout réaliste quant à la prise en charge du projet de bâtir, construire et aménager. Hormis les programmes et la pédagogie, le directeur de l'institut, M. Aichour, estime que l'architecture, en plus d'être une science, est aussi un art, qui peut être conçu et vu dans les salles, en classe sur maquette, mais aussi et surtout il est exercé en pratique. À ce propos, notre interlocuteur nous livre quelques-unes de ses conceptions et approches comme responsable de l'institut. Il nous dit à ce propos : "L'université en général et notre institut en particulier sont censés prendre part au développement du pays, ce qui n'est pas le cas pour le moment, mais nous le souhaitons, dans le sens où nous voulons être consultés, prendre part aux réflexions, contribuer, proposer nos projets. Vous vous rendez compte que toutes les thèses, recherches, mémoires, aussi bien en architecture, urbanisme, paysages restent dans nos tiroirs et personne n'en profite !" Pour étayer ses dires, le responsable évoque l'Appel de Batna, un manifeste où les jeunes architectes encadrés proposent de revoir l'aménagement de la ville de Batna et apporter les éléments nécessaires pour obtenir des améliorations, donner un meilleur cadre de vie et une image paysagère de qualité. En effet, lors du colloque international qui s'est tenu l'année passée, initié par l'institut sous tutelle de l'université de Batna, le thème et leitmotiv de la rencontre étaient "Habiter en Algérie, en harmonie avec le climat, la société et l'architecture". Une deuxième édition du même colloque est en préparation pour 2018, et les responsables de l'institut comptent bien relancer leur initiative, avec une nouveauté, à savoir la proposition de la réalisation d'un village durable dans les Aurès. M. Aichour nous affirme qu'il suffit juste d'un retour au savoir-faire de nos ancêtres qui ont su bâtir avec les moyens et les matériaux locaux, économiques, écologiques, culturels et sociétaux. La maison de Ghouffi ou bien le village de Mdoukel, qui sont dans la wilaya de Batna, sont donnés comme exemples. Le directeur de l'institut nous dit avec conviction : "L'échec de toutes les villes nouvelles en Occident ou chez nous ne réside pas dans l'absence ou présence de l'aspect esthétique, fonctionnel ou autres, mais dans la négligence d'un facteur déterminant, très cher aux urbanistes et aux architectes, à savoir le travail sur place." Une pile de mémoires, recherches et autres travaux, qui pourront à coup sûr contribuer d'une manière ou d'une autre à améliorer le cadre de vie en perpétuelle dégradation, croulent sur une table et attendent un éventuel preneur. Un nouveau département d'architecture et de paysage ne serait pas de refus, car une demande de formation d'architectes paysagistes monte crescendo, et il est temps de prendre en charge cette demande, nous dit notre interlocuteur. H. Tayeb