Contrairement aux initiatives de 2011 et de 2015 qui étaient restées lettre morte, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière semble, cette fois-ci, déterminé à en finir avec la crise des médecins résidents qui couve dans les hôpitaux. Le département ministériel de Mokhtar Hasbellaoui a annoncé, hier, l'organisation d'un nouveau round de dialogue avec les blouses blanches qui sont en grève depuis le 14 novembre dernier. La prochaine rencontre, prévue ce dimanche, sera, en fait, consacrée à l'installation d'un comité intersectoriel chargé de "l'élaboration et du suivi de la mise en œuvre d'une feuille de route relative à tous les aspects en rapport avec la formation et le devenir des résidents en sciences médicales". Selon un communiqué du ministère de tutelle, des personnalités médicales reconnues, des représentants de différents départements ministériels et des délégués des résidents en sciences médicales devront siéger dans cette instance qui sera installée par le ministre. Sans aller au fond des choses, les promoteurs du dialogue se contentent, selon les termes du communiqué, de rappeler que l'instance en question permettra de "suivre la mise en œuvre effective des mesures retenues au titre de la prise en charge des revendications des résidents en sciences médicales". Cependant, le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) n'attend pas grand-chose de ce nouveau comité intersectoriel qui connaîtra le même sort que de celui mis en place en 2011. Les membres du Camra se souviennent toujours de la fameuse commission de 2011 mise en branle pour prendre en charge les doléances de la corporation. "La commission de 2011 n'avait rien apporté à la corporation, sauf qu'elle avait eu raison du mouvement. Puisqu'au lendemain de la création de l'instance, le mouvement de grève s'était essoufflé. Depuis, rien n'a changé. Les spécialités affectées continuent de galérer dans les régions du Sud et des Hauts-Plateaux. La démarche du ministère est connue de tous. Elle est démagogique. Par définition, quand on veut noyer un problème, on crée une commission. Le ministre de la Santé cherche à casser notre mouvement. Notre génération est vaccinée et aguerrie. Elle a tiré des leçons du passé. Nous sommes déterminés à poursuivre la protestation jusqu'à satisfaction totale de nos revendications", nous confiera le Dr Mohamed Taïbet, délégué du Camra. Plus loin, notre interlocuteur dira les choses crûment : "Ce comité n'est pas détenteur de pouvoir. Cette instance ne va rien résoudre. Elle va encore faire traîner les choses." Pour toutes ces raisons et bien d'autres, les 15 000 médecins résidents lancent un appel au premier magistrat du pays pour solutionner cette crise qui perdure dans les 14 établissements hospitalo-universitaires des wilayas du Nord. "En toute sincérité, il n'y a que le président Bouteflika qui pourra résoudre cette crise", soutiendra le Dr Taïbet. Preuve à l'appui, le délégué du Camra dénoncera la reculade de Mokhtar Hasbellaoui quant à l'annulation d'un point discuté et adopté lors de la réunion de travail de samedi dernier. Il concerne les conditions de travail et d'affectation des spécialistes. "Dans le compte rendu de la réunion du samedi 13 janvier 2018, le ministère de la Santé a fait l'impasse sur le contrat d'engagement qui sera signé entre l'administration et le médecin spécialiste. Le ministère s'est rétracté. Le non-respect d'un tel engagement est un mauvais présage. Les promesses du ministère restent des professions de foi", regrettera le Dr Taïleb. Néanmoins, les délégués du Camra siègeront à partir de dimanche prochain dans ce comité intersectoriel annoncé en grande pompe par le ministère de la Santé. "Nous irons à la rencontre de ce dimanche pour faire entendre de nouveau notre cause et réitérer, du coup, notre détermination à poursuivre le mouvement de grève jusqu'à l'aboutissement de nos revendications. Nous allons aussi dénoncer l'exclusion des médecins de la mesure de dispense du service national accordée à tous les Algériens âgés de 30 ans et plus, sauf aux toubibs." Enfin, les médecins résidents restent mobilisés, dit-on, jusqu'à la satisfaction de leur plateforme de revendications. Hanafi H.