Le laboratoire pharmaceutique français Ipsen poursuit son programme de formation médicale "Gynips" au profit des gynécologues algériens, en collaboration avec l'équipe du service de gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction de l'hôpital Cochin de France, dirigé par le Pr Charles Chapron. Gynips consiste, en fait, à former les spécialistes algériens sur les différentes affections gynécologiques dont l'endométriose, une pathologie méconnue largement sous-diagnostiquée. "Cette maladie touche environ 15% des femmes en période d'activité génitale. Elle est liée au reflux du sang menstruel qui n'est pas évacué par le bas, mais se maintient dedans, puis se meut et arrive dans la cavité abdomino-pelvienne", explique le Pr Charles Chapron, expert international et président de la société internationale d'endométriose et des désordres utérins (Seud). Or, pour la majorité des femmes, ces cellules endométriales, ajoute cet expert, "devraient être détruites par le système immunitaire. La cause de la maladie peut être donc liée à la défaillance du système immunitaire ou parce que ces cellules sont plus agressives". L'endométriose, décrite pour la première fois en 1860 par le médecin Karel Rokitansky, reste mal connue, mal diagnostiquée et difficilement traitable. C'est une maladie caractérisée par la présence de tissu utérin (ou tissu endométrial) en dehors de la cavité utérine. Lors du cycle menstruel, des cellules de l'endomètre (la muqueuse qui tapisse l'utérus), au lieu d'être évacuées vers le bas, refluent vers le haut par les trompes, de façon anormale, sans que l'on connaisse exactement les raisons. Ces cellules prolifèrent et peuvent pénétrer dans les tissus et les organes (ovaires, intestins, vessie et plus rarement les poumons), et provoquer des lésions, nodules et kystes. Si elle peut être asymptomatique, elle provoque, néanmoins, dans la plupart des cas de fortes douleurs, le plus souvent au moment de l'activité génitale de la femme, ressenties, aussi, parfois, au niveau du dos ou des poumons. Elle est considérée également comme l'une des causes à l'origine de l'infertilité des femmes. Celles-ci trouvent effectivement d'énormes difficultés à mettre en route un processus de grossesse. "Si l'on est atteint d'endométriose, cela ne veut pas dire que l'on sera forcément concerné par l'infertilité", rassure, cependant, le Pr Chapron. Cela dit, parmi les femmes qui n'arrivent plus à concevoir, près de 40% souffrent d'une endométriose, reconnaît-il. "La maladie a aussi un impact socioéconomique d'autant plus que la femme ne sera pas en mesure d'aller au travail, l'adolescente à son école, en plus du coût exorbitant de la prise en charge", affirme ce spécialiste en marge de la 7e journée consacrée à cette pathologie, organisée, hier et avant-hier, à Alger, par le laboratoire Ipsen. Le Pr Chapron évoque trois options thérapeutiques. Il parle du traitement médical, à travers des antalgiques, des produits hormonaux afin d'éviter la menstruation. Outre la chirurgie, la troisième solution est la procréation médicalement assistée. "En fonction de la situation, de l'âge de la patiente, de son désir de grossesse, de l'importance des douleurs, des lésions qui sont associées, l'on peut opter pour l'une de ces trois modes de traitement. Ces trois options peuvent être utilisées de manière séquentielle pour la même malade", précise Charles Chapron qui vient régulièrement prendre part à des rencontres de ce genre initiées dans notre pays. Interrogé à ce propos, le Dr Farid Benaïbouche, gynécologue obstétricien et secrétaire général de l'association des gynécologues, qualifie l'endométriose de véritable "maladie chronique" et récidivante. Elle évolue, selon lui, avec la même modalité que le cancer. "Mais que les patientes soient rassurés, ce n'est pas un cancer. Les femmes atteintes ne meurent jamais d'endométriose", indique le Dr Benaïbouche. Trois principaux symptômes caractérisent cette pathologie. Il s'agit, rappelle ce spécialiste des douleurs, des saignements et de l'infertilité. "Les menstrues, c'est naturel, mais pas la douleur", dit le slogan véhiculé par le mouvement associatif qui lance des campagnes de sensibilisation sur cette maladie. En termes plus clairs, toute adolescente qui se plaint de ce type de douleurs, sa maman doit impérativement la prendre pour une consultation chez le spécialiste qui déterminera la nature de ces maux. Ce qui permettra de réduire davantage des délais tardifs de diagnostic. B. K.