Les autorités nationales, engagées dans la destruction des mines antipersonnel, butent sur la difficulté de localiser les engins enterrés par les terroristes. “Les mines antipersonnel font une victime toutes les 20 minutes dans le monde”, a indiqué le ministre de la Solidarité nationale, Djamal Ould Abbas, lors d'une conférence de presse qu'il a animée, hier, au siège de son département à la veille de la tenue du Symposium international sur la mise en œuvre de la Convention d'Ottawa sur l'interdiction de ces engins explosifs. Bien que la tendance soit au fléchissement depuis le début des années 90, environ 20 000 personnes meurent ou sont mutilées, chaque année, après avoir servi de détonateurs aux mines antipersonnel. Il existe, dans le monde, plus de 200 millions de bombes actives. L'Algérie figure parmi les pays les plus exposés à ce risque. De vastes territoires du pays ont été minés durant la Seconde Guerre mondiale, la guerre de libération nationale (lignes Challe et Morice), puis durant les années de la violence terroriste. L'Algérie a réussi à neutraliser, entre 1963 et 1988, près de 8 millions de bombes et a rendu à leur exploitation originelle quelque 50 000 hectares. En novembre 2004, à Hassi Bahbah en présence du chef de l'état, les autorités militaires ont procédé à la destruction de 3 030 bombes de leur arsenal sur un total de 15 350 unités stockées. “Nous devrons tout détruire d'ici à avril 2006 pour être conformes aux recommandations de la Convention d'Ottawa que l'Algérie a ratifiée en décembre 2000”, souligne M. Ould Abbas. Malgré leur volonté de se positionner en avant du front de la lutte contre ces armes, dont la particularité est la longévité (la mine demeure active tant qu'elle n'a pas explosé ou été désamorcée), les pouvoirs publics butent sur des difficultés sérieuses. Une mine antipersonnel coûte entre 3 et 30 dollars au pays qui l'utilise comme arme de guerre, mais environ 1 000 dollars à celui qui veut s'en débarrasser. Selon le ministre de la Solidarité nationale, le gouvernement devra puiser dans les caisses de différents départements ministériels pour constituer la cagnotte qui financera la campagne de déminage. D'autant qu'environ 3 millions de mines sont encore actives dans les villes frontalières et dans les zones ayant grandement souffert des exactions terroristes (Jijel, Médéa, Saïda, Tiaret...). “Nous n'avons pas de carte des mines essaimées par les terroristes”, reconnaît le ministre. Autre gageure du gouvernement algérien : la prise en charge des handicaps engendrés par l'explosion des mines antipersonnel. Le membre du gouvernement n'a pas donné de chiffres sur le nombre de victimes recensées depuis l'Indépendance à ce jour, ni parlé de la manière de leur rendre la vie plus facile. Il a affirmé, néanmoins, que le colloque, auquel participeront des experts canadiens, suisses et américains, permettra à l'Algérie de mobiliser des partenaires autour de l'assistance médicale et psychologique aux victimes, en sus de l'aide technique que les Canadiens ont promis de lui apporter. S. H.