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Monoxyde de carbone : légère baisse des accidents
MANQUE D'AERATION, MAUVAISE INSTALLATION ET APPAREILs NON cONFORMEs
Publié dans Liberté le 06 - 02 - 2018

Les bilans cycliques des accidents liés aux inhalations de monoxyde de carbone, souvent mortelles, demeurent effrayants. Sur pas moins de 2 700 cas enregistrés en 2017, 96 personnes ont trouvé la mort. Une baisse dérisoire par rapport à 2016, ce qui signifie que les insuffisances demeurent quant à la sensibilisation et à la lutte contre les fléaux de la contrefaçon et/ou la non-conformité des appareils à gaz mis sur le marché.
Chaque année, un nombre important d'intoxications au monoxyde de carbone se produit, suite à l'utilisation d'appareils de chauffage et autres chauffe-bains contrefaits ou non-conformes. Ces intoxications involontaires sont parfois la cause de décès. En 2017, un bilan de la Protection civile a montré que sur près de 2 700 cas d'intoxication au monoxyde de carbone recensés sur tout le territoire, 96 personnes ont trouvé la mort, contre 102 en 2016.
En effet, l'exposition au monoxyde de carbone généré par des appareils de chauffage à gaz peut entraîner des effets toxiques et même la mort, notamment lorsque ces appareils sont contrefaits ou ne répondent pas aux normes de sécurité. Dans la plupart des cas, le consommateur est induit en erreur par le vendeur, car il n'a aucun moyen de faire la différence entre un produit d'origine et un produit contrefait qu'il paye au prix fort. Le cas échéant, le consommateur achète un produit contrefait par nécessité, car il coûte moins cher que ce que ses moyens financiers peuvent lui permettre. Pourtant, c'est le premier indice qui pourrait alerter ce dernier. Aussi, le marché algérien regorgeait de matériels contrefaits, du moins jusqu'en 2013 où depuis, de nouvelles dispositions en matière de lutte contre la contrefaçon en été mises en place par le législateur.
"Avant 2013, les produits contrefaits ou qui ne répondaient pas aux normes pullulaient sur le marché, car il y avait un vide juridique qui le permettait. Depuis 2014, nos services travaillent en étroite collaboration avec la Direction du commerce et les services des douanes, ce qui a permis de réduire considérablement le phénomène", selon Réda Benmourrallah, directeur du laboratoire régional du Centre algérien de contrôle de la qualité et de la répression des fraudes (Cacqe), situé sur le plateau de Mansourah, à Constantine. Soulignons, qu'en plus des produits alimentaires et non alimentaires, le Cacqe de Constantine est spécialisé dans le contrôle des produits électrodomestiques, entre autres les chauffages à gaz.
Des chiffres encourageants
Selon Hamza Semache, chef du département industriel du Cacqe, qui, faut-il le souligner, est le seul département qui existe sur tout le territoire national, "il y a une nette amélioration en matière de mise en conformité des appareils de chauffage à gaz". En effet, une étude comparative des trois dernières années démontre, selon notre interlocuteur, que le taux de non-conformité des chauffages à gaz a nettement baissé. "Nous sommes passés de 32% en 2016, à 6% seulement en 2017. Alors qu'en 2015, le taux de non-conformité était estimé à 85%", précise-t-il. Cela est dû, notamment, estime M. Semache, aux journées de sensibilisation organisées au profit des fabricants locaux et des importateurs, ainsi que des journées de formation destinés aux agents de contrôle des services de sécurité (douanes ). "Grâce à ces campagnes, nous avons également constaté la disparition de certaines marques dont les produits ne répondaient pas aux normes de sécurité, laissant la place aux produits locaux ; il en existe 10 actuellement", explique notre interlocuteur, tout en ajoutant que ce travail a été possible uniquement après la mise en place d'un règlement technique adopté par un arrêté interministériel publié au Journal officiel et qui fixe les exigences de sécurité des appareils à gaz combustibles domestiques.
Cependant, si la législation a changé, le taux de non-conformité n'a pas, pour autant baissé, du moins en ce qui concerne les détendeurs à gaz.
Selon M. Semmache, "c'est dans ce produit que nous avons enregistré le taux le plus élevé de non-conformité". Il explique : "En 2015, le taux de non-conformité des détendeurs à gaz (appareils servant à réduire la pression du gaz, utilisé uniquement dans la bonbonne de gaz), a atteint 100%, de même qu'en 2016, alors qu'en 2017, nous avons reçu un seul échantillon qui s'est révélé être conforme aux normes de sécurité, il s'agit d'un produit importé par la société Naftal, dans le cadre d'un contrat avec une firme italienne". La non-conformité concerne uniquement les produits importés, puisqu'il n'existe pas de détendeurs à gaz produits localement, selon le chef du département industriel du Cacqe. Aussi, pour remédier à ces disfonctionnements, "un règlement technique qui fixe les exigences de sécurité pour les détendeurs à gaz, sera bientôt mis en place", conclut notre interlocuteur.
"Il y a une prise de conscience de l'opinion publique"
Les chiffres présentés par le laboratoire régional du Cacqe, confortent le constat général, selon lequel, il y a un véritable travail de proximité des pouvoirs publics auprès des fabricants et des importateurs, mais également des consommateurs. En effet, sur 422 interventions effectuées par les services du contrôle de la qualité de la Direction du commerce de la wilaya de Constantine, 29 concernent l'appareil de chauffage à gaz et ses accessoires où 3 PV ont été établis. Selon M. Bounaâs, chef de service du contrôle de la qualité, ce chiffre a nettement baissé comparé aux années précédentes et ce, grâce aux "campagnes de sensibilisation que nous effectuons, en collaboration avec les services de Sonelgaz auprès des populations des zones rurales notamment", a-t-il affirmé. Tout en ajoutant que "c'est dans ces régions isolées que nous enregistrions le plus grand nombre d'accidents dus aux appareils de chauffage à gaz défectueux". "Aujourd'hui, les consommateurs sont de plus en plus exigeants, à l'achat de leur produit, notamment en ce qui concerne la garantie", dira-t-il. Et d'expliquer que "certains vendeurs profitent de l'ignorance des citoyens, en leur proposant une garantie d'une durée de 6 mois, alors que celle-ci n'existe pas. Dans tout produit acheté, la durée de garantie est de deux ans". Ce qui fait dire à beaucoup d'observateurs que la contrefaçon devrait être punie, non pas pour le principe, mais pour les risques qu'elle fait courir à la société et aux individus.
Enquête réalisée par : Lynda Nacer


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