Abderrezak Makri pense qu'un candidat unique de l'opposition a peu de chances d'être élu parce que "le pouvoir reste assez puissant pour consacrer encore une fois la fraude". Le président du MSP, Abderrezak Makri, a décliné hier la position de son parti par rapport à l'agitation qui a marqué ces derniers jours la scène politique autour de la prochaine élection présidentielle. Dans une déclaration publiée sur le site de sa formation politique, il a soutenu que dans un contexte de situation financière et économique préoccupante, ce n'est pas le moment de parler d'un cinquième mandat, ni d'un candidat unique de l'opposition. "À l'heure où certains sur la scène politique s'intéressent de près à l'élection présidentielle et à l'identité du prochain président de la République, nous, au Mouvement de la société pour la paix, nous sommes préoccupés davantage par la situation économique et financière du pays. Au lieu de nous soucier de savoir qui sera Président, contre qui a on va se battre, rivaliser et avec qui contracter des alliances, nous nous concentrons sur la recherche de moyens pour sauver le pays et ouvrir des perspectives prometteuses", a asséné le président du MSP, qualifiant "d'alarmante et sincère" la déclaration du ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi, au cours d'un entretien accordé dimanche dernier à l'APS. Pour rappel, le ministre du Commerce avait soutenu que "le feu est dans la maison. Si nous faisons rien dans deux à trois ans, nous n'aurons plus les ressources financières pour importer même les céréales". Le président du MSP a soutenu également que "le ministre du Commerce est conscient que la situation financière du pays ne peut être redressée par un prix du baril de pétrole à 70 dollars ou même à 100 dollars". Pour sa part, il pense qu'à moins de 120 dollars le baril du pétrole, on n'arrivera pas à équilibrer le budget de l'Etat. Il rappelle que la situation sociale du pays est explosive, à cause notamment de la baisse des revenus du pétrole. Aussi, s'interroge-t-il sur les intentions réelles du pouvoir. "Peut-on parler d'un cinquième mandat dans ces conditions ? Dans le cas où le chef de l'Etat souhaite vraiment le briguer, avec quel argent va-t-il acheter sa clientèle politique ? Face aux tensions sociales, va-t-il tenter l'aventure de la répression et en assumer les conséquences ? Je ne pense pas que le Président ou ceux qui l'entourent ignorent ce qui les attend au-delà de 2019 s'ils veulent continuer à gouverner", écrit-il. Evoquant la possibilité d'un consensus autour de la présentation d'un candidat unique de l'opposition, Abderrezak Makri pense que ce dernier aura peu de chances d'être élu parce que "le pouvoir reste assez puissant pour consacrer encore une fois la fraude". Pour le président du MSP, le salut passe par la conjugaison des efforts des acteurs politiques, économiques et sociaux du pays. "Qu'on appelle cela transition démocratique, politique, économique, sociale, entente, pourparlers, peu importe. L'essentiel est de mettre de côté les intérêts personnels, les choix claniques et de vengeance dans l'intérêt général avant que le bateau coule". N. H.