Les syndicalistes considèrent que la période "d'immobilisation", cumulée en 2017, des sept navires confondus que compte la compagnie est estimée à au moins "1 000 jours". Près d'une année après l'arrivée, en avril 2017, du nouveau directeur général, Smaïl Kessagli, en remplacement de Laziz Bouzidi, la situation de la Compagnie nationale de navigation, Cnan-Nord SPA, filiale du groupe algérien du transport maritime Gatma, est loin d'être redressée, et ce, en dépit d'un plan d'action fixé par les pouvoirs publics et des instructions données par le ministère de tutelle à la nouvelle direction. Pis encore, l'entreprise traverserait l'une des plus mauvaises situations financières et économiques de son histoire. Elle serait même au bord de la faillite. En tout cas, c'est ce que dénoncent les représentants de la section syndical-Ugta de l'entreprise qui déplore un "déficit plus important en 2017 comparativement à 2016". Et pour cause, révèlent les syndicalistes, la période "d'immobilisation", cumulée en 2017, des sept navires confondus que compte la compagnie, est estimée à au moins "1 000 jours". Le préjudice financier causé par cette immobilisation due à des problèmes techniques et mécaniques récurrents, mais aussi au manque des marchés de fret, s'élève à quelque 6 millions de dollars. Voilà qui révolte les syndicalistes qui ont convoqué, jeudi dernier, une assemblée générale des travailleurs à laquelle étaient conviés le DG de l'entreprise et le SG de l'union locale de l'Ugta (Hussein Dey). À l'occasion, les travailleurs ont exposé l'ensemble des problèmes qui pèsent sur leur entreprise, non sans s'interroger sur "qui voudrait couler" la compagnie ? Ils soupçonnent des velléités occultes dont l'objectif serait de précipiter l'ouverture du capital de la filiale et connaître le même sort que d'autres filiales à l'instar de Cnan-Med, dont 49% des actions sont détenues par l'Italien Dario Perioli. Ce dernier, regrettent les syndicalistes, n'avait pourtant aucune expérience dans le domaine du transport maritime. En effet, il n'était qu'un fournisseur en provisions mixtes (vivres, tabac...) de bateaux, avant de devenir actionnaire de cette filiale de Gatma, créée en 2015 dans la foulée de la "restructuration" de la compagnie nationale. La montée au créneau du syndicat de Cnan-Nord n'est donc pas liée à des revendications socioprofessionnelles. "On ne réclame pas d'augmentations salariales, encore moins des avantages. On veut juste sauver l'entreprise", avaient expliqué, lors de l'AG de jeudi dernier, les travailleurs à leur DG. Pour eux, la Cnan-Nord traverse "une situation catastrophique". "On n'a rien vu sur le terrain. Les caisses sont vides. L'entreprise est endettée auprès de tous ses clients. Désormais, on veut des solutions", lui avaient-ils encore dit. Selon les échos qu'on a eus de cette rencontre, M. Kessagli aurait reconnu devant les travailleurs que "l'entreprise est malade". M. Kessagli refuse pour autant de "dramatiser" la situation. Il compte sur un plan de relèvement pour redresser progressivement la barre. Une promesse à laquelle ne croient pas les travailleurs qui, eux, réclament "un plan d'urgence" pour sauver l'entreprise. Ce plan prévoit notamment l'acquisition de 11 navires, mais dont l'arrivée tarde, déplorent les syndicalistes. Il convient de signaler que le PV de l'AG de jeudi dernier, a été adressé à toutes les institutions concernées, à leur tête le ministère des Transports. Farid Abdeladim