Des banderoles déployées, des slogans hostiles au DG et une détermination manifeste : des dizaines de travailleurs, tous grades confondus, de la Cnan-Nord ont observé hier un sit-in devant le siège du Groupe des transports maritimes (Gatma), sis rue Tripoli à Hussein-Dey à Alger. "Dégage !", "La compagnie mérite un meilleur responsable que quelqu'un traînant des casseroles et empêtré dans des démêlés de justice", ou encore "Les travailleurs de la Cnan-Nord refusent de travailler sous la direction d'un corrompu" sont autant de slogans écrits et/ou scandés par les contestataires, menés par la section syndicale de l'entreprise, à l'égard de Laziz Bouzidi, installé à la tête de la Cnan-Nord, filiale du groupe Gatma, il y a un peu plus d'un mois. Selon les représentants de la section syndicale Ugta de l'entreprise, M. Bouzidi serait "indésirable" chez l'ensemble des employés de la Cnan-Nord qui conditionnent désormais la reprise du service, notamment à bord des trois navires "bloqués", deux ("Mv Constantine" et "Mv Timgad"), à Alger, et un à Oran, ("Mv Saouara"). En effet, les équipages des trois navires concernés refusent depuis trois jours d'embarquer. Leur seule et unique revendication n'est ni plus ni moins que le départ de M. Bouzidi de l'entreprise. Devant cette situation de "pourrissement" qui perdure depuis notamment la tenue, le 8 mars dernier, de l'AG extraordinaire du syndicat avec comme seul corollaire le départ du nouveau DG, le premier responsable du groupe Gatma, Badr Righi, était sommé de recevoir les protestataires ayant pris d'assaut, hier, le siège de son entreprise. Lors de l'audience tenue à huis-clos, racontent les syndicalistes ayant pris part, le P-DG de groupe aurait pris l'engament de "résoudre, à terme, le problème" qui lui a été posé, à savoir le limogeage de M. Bouzidi, tout en appelant les employés à reprendre du service et permettre, du coup, le redémarrage des trois navires bloqués. Une situation qui, semble-t-il, irrite au plus haut point la tutelle. D'où, dénoncent les syndicalistes, l'empêchement, hier, par les forces de sécurité, du débarquement des quelques éléments des équipages se trouvant encore à bord des trois navires à l'arrêt. "Nos collègues sont manu-militari empêchés de quitter les navires. Des gardes-côtes les ont, en effet, forcés hier à rester à bord et leur ont demandé de quitter le port. Ce qui était impossible au vu de l'absence de l'essentiel de l'encadrement des bateaux", a, en effet, dénoncé le président de la section syndicale, Khiri Bensouna, qui cite, entre autres, le lieutenant, l'officier mécanicien, le second ou encore le quatrième mécanicien. Il apporte ainsi un démenti au DG qui soutenait la veille qu'il n'y aurait pas d'officiers contestataires. Parmi les travailleurs contestataires, faut-il le rappeler, plusieurs éléments avaient opté, depuis l'entrée des navires en Algérie, pour des congés de maladie. Parallèlement, leurs collègues en congé refusent de les remplacer. Ce qui a causé la réduction des effectifs et, du coup, l'impossibilité de faire fonctionner les trois navires à l'arrêt. Il est ainsi facile de deviner qu'il s'agit bel et bien d'une action concertée et bien préparée par les représentants des travailleurs qui ne jurent plus que par le départ de M. Bouzidi. Ils n'écartent pas, à ce titre, le recours dans les jours à venir à d'autres actions plus radicales. "L'éventualité d'une grève illimitée est sérieusement envisageable", avertissent-ils. Nos multiples tentatives de contacter et le DG contesté et le P-DG de Gatma ont été vaines. Les deux responsables se sont inscrits aux abonnés absents. Farid Abdeladim