L'avocat a affirmé que son client a, effectivement, reçu une convocation du procureur de Bir-Mourad-Raïs et a été entendu dans le cadre d'une procédure administrative. Le président du conseil d'administration du groupe Elsecom automobile, Abderrahmane Achaïbou, a bel et bien été auditionné par le procureur de la République près le tribunal de Bir-Mourad-Raïs, dans l'affaire de l'accusation de l'ex-ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, qui lui aurait demandé, indirectement, de l'argent pour lui débloquer ses projets. La confirmation ne vient pas de M. Achaïbou qui, contacté par nos soins vendredi dernier, a préféré garder secrète une convocation du procureur de la République qu'il avait, pourtant, reçue deux jours auparavant. Elle vient de son avocat Me Khaled Bourayou. Celui-ci, dans un entretien accordé au site en ligne TSA, a confirmé l'information que nous avions rapportée dans notre édition de samedi dernier. "Effectivement, M. Achaïbou a reçu une convocation du procureur de Bir-Mourad-Raïs. Mais il s'agit, selon le magistrat, d'une procédure administrative qui ne nécessite pas la présence de son avocat." Selon la défense de M. Achaïbou, cette audition demandait au représentant du ministère public "de mieux s'informer sur les déclarations faites par M. Achaïbou". Autrement dit, M. Achaïbou a été entendu sur des déclarations selon lesquelles des personnes, mandatées par M. Bouchouareb, lui auraient demandé de l'argent. Pour Me Bourayou, son client a eu à préciser au procureur de la République qu'"il n'avait pas accusé Abdeslam Bouchouareb de corruption en affirmant qu'il aurait été contacté par des personnes qui s'étaient présentées comme intermédiaires du ministre". Il insistera en affirmant que M. Achaïbou n'a jamais accusé M. Bouchouareb de corruption. "Oui, une accusation doit être directe, claire et précise. L'accusation ne peut, aussi, être formulée que par un magistrat. Mais il convient de préciser que le fond du débat reste les motifs qui ont présidé au rejet des demandes d'agrément de M. Achaïbou", a souligné Me Bourayou. Evoquant le rapport accablant de l'Inspection générale des finances (IGF) "qui serait à l'origine" du blocage des projets du groupe Elsecom, Me Bourayou s'interroge "pourquoi la justice n'en a pas été informée ?", ajoutant qu'"il s'agit d'une situation où le fait de ne pas informer la justice concernant un rapport aussi accablant, constitue, en soi, une infraction pénale de non-dénonciation de fait délictuel". À la question de savoir si cette non-dénonciation signifierait qu'il accuse M. Bouchouareb, l'avocat de M. Achaïbou lève l'équivoque : "Je n'accuse personne." Pour lui, il s'agit d'une "logique de procédure" d'informer la justice quand un pareil rapport vient à accabler une entreprise. Tout en précisant que "le fond du débat est que le groupe Elsecom a été mis à genoux à cause de ce prétendu rapport accablant", Me Bourayou défend le groupe Elsecom qui, selon lui, "a été contraint de licencier plus de 650 employés. Le groupe qui a été dépouillé de toutes les marques qu'il représentait depuis plus de vingt ans, aurait dû être le premier à obtenir l'agrément". Quid des personnes intermédiaires qui auraient contacté par téléphone M. Achaïbou pour lui suggérer de débloquer ses projets et ses agréments en contrepartie de pots-de-vin ? Contacté, hier, par nos soins, Me Bourayou a indiqué que "nous n'avons pas les noms de ces intermédiaires" et qu'il n'avait pas accès au procès-verbal de l'audition. Du reste, M. Bouchouareb devait, naturellement, se constituer partie civile pour débusquer ces "intermédiaires" qui auraient utilisé son nom pour "demander de l'argent" à M. Achaïbou. Du coup, il n'est pas exclu que la justice invite ces "intermédiaires" révélés au grand jour, sans les citer, par le patron du groupe Elsecom à s'expliquer, eux aussi, sur leur démarche, par ailleurs refusée par M. Achaïbou. FARID BELGACEM