Le gouvernement éthiopien a décrété, vendredi, l'état d'urgence dans la foulée de la démission du Premier ministre Hailemariam Desalegn. "L'état d'urgence sera en place pour 6 mois et sera approuvé par le Parlement", a déclaré, hier, le ministre de la Défense éthiopien, Siraj Fegessa. Ce dernier, dont les propos à la presse éthiopienne ont été rapportés par la Télévision publique EBC, a invoqué le risque de nouveaux affrontements sur des lignes ethniques, et la nécessité de protéger l'ordre constitutionnel, le gouvernement éthiopien a décidé d'instaurer l'état d'urgence lors d'un Conseil des ministres vendredi. Une décision prise au lendemain de la démission du Premier ministre Hailemariam, sous pression au sein de la coalition au pouvoir et emporté par une crise politique marquée par des manifestations antigouvernementales sans précédent depuis un quart de siècle dans le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique. Le mouvement de protestation avait débuté fin 2015 en région oromo (Sud et Ouest), la plus importante ethnie du pays, puis s'était étendu en 2016 à d'autres régions, dont celle des Amhara (Nord). Sa répression a fait au moins 940 morts, selon la Commission éthiopienne des droits de l'homme, liée au gouvernement. Un calme relatif n'était revenu qu'avec l'instauration d'un état d'urgence entre octobre 2016 et août 2017 et au prix de milliers d'arrestations. Ces manifestations étaient avant tout l'expression d'une frustration des Oromo et des Amhara, qui représentent environ 60% de la population, face à ce qu'ils perçoivent comme une surreprésentation de la minorité des Tigréens au sein du Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF), la coalition au pouvoir depuis 1991. Les manifestants dénonçaient également une limitation des libertés individuelles et un déséquilibre dans le partage des richesses. R. I./Agences