L'Organisation invite ses membres à disposer de capacités de réserve afin de compenser toute hausse brutale des prix due à la faiblesse du dollar. Les producteurs de pétrole emmenés par l'Arabie saoudite et la Russie, ainsi que par d'autres pays participant aux coupes pétrolières visant à équilibrer le marché, cherchent à élaborer un projet d'accord sur une alliance à long terme d'ici à la fin de l'année, a déclaré, jeudi, le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis (EAU), Souhaïl ben Mohamed El-Mazroui, au journal local National. L'Opep invite, par ailleurs, ses membres à disposer de capacités de réserve afin de compenser toute hausse brutale des prix due à la faiblesse du dollar cette année, a ajouté le ministre, cité par le journal. En somme, l'Opep et ses partenaires veulent créer un cadre qui leur permettra de gérer le marché du pétrole après 2018. Ce projet d'alliance à long terme est encore en chantier, mais son cadre pourrait être approuvé et signé par les 24 pays concernés avant la fin de l'année, dit Souhaïl ben Mohamed el-Mazroui, sans donner plus de précisions. Ce projet avait, pour rappel, déjà été évoqué, le mois dernier, par l'Arabie saoudite qui a annoncé une éventuelle poursuite de la coopération au-delà de 2018. Le cadre mis en place, depuis fin 2016, visant la réduction de la production de 1,8 million de barils/jour, tient la route. Pour l'instant, la conformité à l'accord reste bien au-dessus de 100%, et tous les signes indiquent une coopération continue pour le reste de l'année. L'Opep s'attend à ce que le marché revienne à l'équilibre vers la fin de l'année. Et dans ce cas, la crainte serait que tous les participants reviennent à la production à plat, en augmentant la production dans une courte période de temps, ce qui pourrait entraîner une détérioration des niveaux de conformité et menacerait de replonger les prix du pétrole. Une alliance à long terme prolongerait le niveau de stabilité et même si elle n'endiguait pas complètement la volatilité, cette dernière serait moindre par rapport à une situation d'abandon de la coopération. Autre élément donnant du sens à cette alliance : la poussée de la production de schiste aux Etats-Unis. Face à de nouveaux approvisionnements venant des Etats-Unis, cette alliance serait cruciale pour éviter un autre effondrement des prix. Les dernières données du groupe de services pétroliers américain, Baker Hughes, indiquent que la production américaine s'élève à 975 puits en activité au 9 février 2018. Sur un an, le nombre de puits de pétrole en activité aux Etats-Unis a progressé de 234 unités. L'augmentation de l'offre des Etats-Unis, qui pourrait, à elle seule, "égaler la hausse de la demande mondiale en 2018, fragilise le rééquilibrage du marché", a indiqué l'Agence internationale de l'énergie dans son dernier rapport mensuel. L'Opep semble tirer les leçons de sa gestion de la période 2014/2016 où elle avait évité d'intervenir et a laissé le marché régler les choses. Ce qui a engendré des fluctuations brutales des prix, de la volatilité et de l'incertitude. Et ce n'est que son retour à la gestion, à la fin de 2016, qui a ramené la stabilité dans une large mesure, tout en augmentant les prix. L'Opep donne l'impression qu'elle n'est pas prête à revivre cette situation. Saïd Smati