Introduits dans le marché algérien, même en l'absence d'un cadre juridique devant régir ce domaine de médicaments dits innovants, les médicaments biosimilaires peinent encore à s'imposer dans les hôpitaux publics. Ceci, quand bien même ce type de produits est remboursé par la Cnas. D'où la tenue, hier à Alger, d'un symposium organisé par les laboratoires Abdi Ibrahim Remède pharma (AIRP), SPA de droit algérien, fusion de deux sociétés algéro-turques, pour plaider la généralisation des biosimilaires. Ainsi, lors de cette rencontre à laquelle était convié un panel de spécialistes, notamment des diabétologues et des oncologues, il a été question de tenter de "convaincre" sur la nécessité de favoriser l'utilisation des biosimilaires et leur généralisation progressive, et ce, à même de permettre la réduction de la facture des importations et, par ricochet, pérenniser l'accès aux soins pour les Algériens. Selon, Malik Aït Said, DG de l'AIRP, le recours aux biosimilaires permettra à l'Algérie de réduire sa facture d'importation des médicaments (biologiques) d'"au moins 350 millions de dollars" rien qu'au courant de la présente année (2018). Le même responsable, par ailleurs membre de l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop), rappelle, à juste titre, que les produits biologiques (médicaments princeps) représentent actuellement plus d'un tiers du marché pharmaceutique algérien avec un total de "1 milliard de dollars", soit environ 50% de la facture d'importation des médicaments estimée, en 2017, à 1,9 milliard d'euros. Présents à cette rencontre, le professeur Kamel Bouzid, chef du service oncologie du CPMC, ou encore le Dr Khaled Oussalah, ondocrino-diabétologue libéral, n'ont pas manqué d'apporter leur pierre à l'édifice à travers leurs témoignages, données scientifiques à l'appui, sur "la fiabilité" des biosimilaires qu'ils prescrivent à leurs patients respectifs. Pour anticiper la généralisation des biosimilaires en Algérie, les professionnels plaident, par ailleurs, pour la mise en place d'un cadre juridique devant régir ce domaine innovant. Ceci, tout comme ils réclament la levée des blocages administratifs entravant les opérateurs nationaux d'acquérir le savoir-faire à travers, notamment, l'achat de sociétés étrangères. Seule et unique voie, disent-ils, pour se lancer dans le biosimilaire et réaliser, par là même, l'objectif de couvrir, dans un avenir proche, le besoin national à un taux appréciable. Des professionnels apostrophés en marge de la rencontre, et ayant requis l'anonymat, accusent les multinationales de faire du lobbying pour "bloquer" ou, du moins, retarder la généralisation des biosimilaires qui menacent leurs produits biologiques après la tombée des brevets dans le domaine publics. Après avoir échoué dans leur tentative de carrément remettre en cause les biosimilaires, dénoncent nos sources, les multinationales tentent, désormais, de jouer sur le supposé danger de changer les médicaments biologiques au cours d'un traitement par des biosimilaires (interchangeabilité). Farid Abdeladim