Opposés à l'utilisation d'un anticancéreux biosimilaire au lieu de la molécule mère, l'anticorps princeps ayant pour nom commercial Herceptin, les oncologues ont fini par avoir gain de cause. En effet, lors d'une réunion qu'ils ont tenue, hier, au siège du ministère de la Santé, avec les responsables de la direction de la Pharmacie du ministère de la Santé et ceux de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), un accord a été trouvé pour l'approvisionnement des services spécialisés de l'ensemble des structures sanitaires du pays, en ce médicament princeps exigé par eux pour la poursuite du traitement de toutes les anciennes patientes jusqu'à leur dernière cure. C'est ce que nous avons appris du Pr Kamel Bouzid, chef du service oncologie du Centre Pierre-et-Marie-Curie (CPMC), qui a été le premier à monter au créneau pour dénoncer la rupture de ce médicament, survenue subitement il y a quelques semaines. Au grand bonheur des oncologues et de leurs patientes, représentant 80% de l'ensemble des femmes atteintes d'un cancer du sein à travers le territoire national, les responsables du ministère et ceux de la PCH, affirme le Pr Bouzid, "ont pris l'engagement d'approvisionner en Herceptin l'ensemble des structures jusqu'au traitement du dernier sujet ayant entamé son traitement par ce médicament". Ce qui ne peut que soulager les oncologues qui revendiquent depuis plus d'une année et demie la promulgation d'une réglementation d'interdiction du principe d'interchangeabilité (changement d'un médicament par un autre équivalent au cours d'un traitement), comme c'est le cas sous d'autres cieux, notamment en Europe et aux USA. Ainsi, les deux types de biosimilaires, l'un importé d'Inde et l'autre des laboratoires Mylan des USA, ne seront désormais prescrits que pour les nouvelles malades qui doivent débuter leur traitement. Le Pr Bouzid rassure, au passage, que les biosimilaires utilisés en Algérie depuis juin dernier restent des "produits fiables et ne présentent aucun danger pour la santé des malades". Il convient de rappeler que les responsables de la PCH avaient tenté de convaincre les oncologues de changer l'Herceptin par les biosimilaires pour la poursuite du traitement de leurs patientes. Un risque qu'aucun des oncologues algériens, au nombre de 600, n'avait accepté de prendre, quitte à rompre le traitement de certaines patientes. Certains d'entre eux avaient même été accusés d'être à la solde des laboratoires Roche. Une accusation désormais enterrée, suite à la décision prise par les responsables du ministère et de la PCH de continuer à importer le produit des laboratoires Roche. Farid Abdeladim