Résumé : Malgré ses réticences, Anissa devra passer sous le joug de sa famille. Le jour de ses noces approchait à grands pas. Elle se prépare sans trop d'entrain à entamer sa vie conjugale avec un homme qui ne lui apportait rien qui vaille. Vers la mi-journée, la famille de Mourad se présente pour prendre part au déjeuner familial prévu pour la circonstance. Le père, la mère et les deux jeunes sœurs du marié semblaient enchantés. Ils riaient et lançaient des boutades, sans prendre en considération l'absence de la mariée à leur table. La jeune femme n'aurait, pour tout l'or du monde, accepté de les affronter devant ses parents et de faire semblant d'être heureuse, alors que son cœur saignait. Vers le milieu de l'après-midi, les femmes donnèrent le signal du départ. Mourad leur avait recommandé de rentrer avant le crépuscule. Une autre manière d'imposer sa dictature et de prouver qu'on lui obéissait au doigt et à l'œil. Les larmes aux yeux, Anissa quitte sa famille, en se demandant si elle ne ferait pas mieux de prendre ses jambes à son cou, au lieu de s'engouffrer dans le véhicule qui l'attendait au bas de l'immeuble pour la conduire vers le bourreau de son avenir. Le quartier où habitait Mourad et sa famille se situait à quelques kilomètres du centre-ville. C'est une cité populaire bruyante et sale, qui prouvera encore une fois à la jeune femme qu'elle se trompait de destination. Cependant, elle était là, et dans l'obligation de suivre sa belle-mère et ses belles-sœurs qui l'entouraient. Quelques youyous fusèrent lorsqu'elle pénétra dans l'appartement sobrement meublé. Le salon, trop petit, ne contenait qu'une banquette qui faisait face à un téléviseur, une table basse et un buffet sur lequel trônaient des photos de famille et quelques bibelots. Les rideaux accrochés à la fenêtre semblaient usés et mal repassés. -Sois la bienvenue dans ta nouvelle famille, Anissa. Elle relève les yeux pour rencontrer le regard de sa belle-mère, qui venait de se départir de son voile, et lui tendait un verre de lait et une cuillère de miel. Sans trop d'entrain, la jeune femme prend une gorgée de lait et avale le miel. Elle n'avait rien mangé de la journée et sentit ses forces l'abandonner. -Que ta venue parmi nous soit un gage de bonheur et de prospérité. La gorge nouée, Anissa cherche des yeux sa sœur aînée, qui l'avait accompagnée. Elle était là, mais plutôt occupée à discuter avec une vieille femme installée sur un fauteuil roulant. C'était la grand-mère maternelle de Mourad, qui vivait chez sa fille depuis quelques années et dont on n'aimait pas trop parler. La jeune femme se demande comment faisait cette famille pour se partager cet appartement, qui se composait de ce salon, et de deux pièces minuscules. Sa sœur remarque enfin son air dépité et lui sourit. -Tu devrais te montrer plus sociable avec ta nouvelle famille. Anissa hausse les épaules. Elle s'était installée sur la banquette et tenait sa pochette si serrée dans sa main qu'elle ne sentait plus ses phalanges. -Viens donc embrasser la grand-mère, lui chuchote-t-elle. Elle est aveugle et impotente. La mariée se lève et se penche pour embrasser la vieille femme, qui, au contact des lèvres de la jeune femme sur son front, tendit sa main et se met à toucher son visage puis ses épaules. -C'est la nouvelle épouse de Mourad ?, demande-t-elle à haute voix. Anissa sentit ses muscles se raidir. La nouvelle ? La nouvelle épouse ? (À SUIVRE) Y. H.