RéSUMé : Maïssa dévoile à sa sœur qu'on allait venir demander sa main le week-end prochain. Nacéra n'en croit pas ses oreilles. Elle rétorque à sa sœur que le mariage n'était pas une chose urgente dans son cas, car elle n'avait pas encore terminé ses études. Mais Maïssa ne semble pas convaincue. Elle ne voulait pas rater le coche et finir vieille fille comme elle. Sidérée par la réponse de sa jeune sœur, Nacéra demeure un moment sans voix. Elle pensait que les filles de la nouvelle génération avaient plus de chance. Elles avaient accès aux études et au monde du travail, et c'était déjà un grand progrès pour elles dans une société dominée par les tabous. Seulement, Maïssa, sur laquelle elle fondait tant d'espoirs, l'avait surprise en lui déclarant qu'elle voulait plutôt être femme au foyer. -Je n'en reviens pas, murmure-t-elle. Je n'en crois pas mes oreilles. Maïssa, il y a quelques mois, tu me parlais autrement. Tu faisais de grands projets pour ton avenir, et tu ne cessais de me répéter qu'à la fin de tes études, tu prévoyais de voyager pour découvrir le monde et approfondir tes connaissances. J'étais si fière de t'entendre parler ainsi. Maïssa semblait gênée par les propos de sa sœur aînée. Mais elle se reprend pour répondre : -C'était il y a longtemps. J'ai juste changé d'avis. -Il y a à peine trois mois Maïssa !, s'écrie Nacéra hors d'elle. On ne change pas d'avis sur un coup de tête. Non Maïssa, ce n'est pas parce qu'un bel inconnu t'a séduite que tu vas tout abandonner, je ne te le permettrai pas. -Que tu le permettes ou pas, je ne vais pas revenir là-dessus. Je vais me marier, et très bientôt. Sinon Lyès risque de changer nos plans. Offusquée, Nacéra fronce les sourcils. Il est bien audacieux cet inconnu qui fait chanter sa sœur. Qu'il aille donc au diable et qu'il les laisse en paix. Maïssa est trop jeune pour voir la réalité des choses, et elle-même n'arrive pas encore à comprendre ce revirement de la situation. -Maïssa, te rends-tu compte de ce que tu viens de dire ? Ce jeune homme fera ce qu'il voudra. Je ne vais pas le laisser détruire ton avenir. Tu lui dira simplement que la famille s'oppose à votre union et... -Non ! Non, Nacéra. Il faut qu'il m'épouse. Il le faut. J'ai déjà eu assez de mal ainsi pour le décider à venir demander ma main. -Tu as eu du mal à le décider ?! Nacéra secoue la tête : -Je n'arrive pas à te suivre. Maïssa se met à pleurer. Elle lève les yeux vers sa sœur, puis les rabaisse, avant de se remettre à pleurer de plus belle. Nacéra s'approche d'elle et la prend par les épaules : -Cesse donc de pleurer. Le ciel ne t'est pas tombé sur la tête. Un de perdu, dix de retrouvé. Je ne sais pas si tu es consciente de ce que tu avances, mais crois-moi, aucun homme ne mérite tes larmes et ton sacrifice. -Dans mon cas, si. Nacéra secoue encore sa sœur : -Que s'est-il donc passé entre toi et cet homme, pour que tu deviennes aussi vulnérable et aussi inconsciente ? Allez, dis-moi... Je sens que tu me caches quelque chose Maïssa. Tu vas tout de suite me dire de quoi il s'agit. Maïssa s'essuie les yeux et renifle. Elle regarde sa sœur et semble sur le point de dire quelque chose. Mais elle se ravisa et se remet à pleurer. Nacéra, qui la tenait toujours par les épaules, la trouve bien pâle. Elle avait des cernes sous les yeux, et son visage était boursouflé. Est-ce une impression ou...? Elle sursaute et se remet à la secouer : -Maïssa. Tu es enceinte ! Dis-moi que ce n'est pas vrai ! Elle se laisse tomber sur une chaise. La main sur sa poitrine, elle sentit les battements de son cœur tripler de rythme, et une sueur inonder son corps. Elle tente de se relever, mais ne le put pas. Ses mains tremblaient et elle n'arrivait pas à ordonner ses idées. Quelque chose s'était bloquée dans sa gorge et au lieu de pousser un cri, c'est une sorte de grognement qu'elle réussira à émettre après un long effort. Maïssa redoubla ses pleurs. Elle se laisse tomber sur une banquette et met une main sur sa bouche, pour qu'on n'entende pas ses sanglots. (À suivre) Y. H. Nom Adresse email