C'est devant une salle du TRB pleine à craquer que la générale de la pièce théâtrale du regretté Mohia, intitulée Le sinistré, a été donnée par la troupe comédienne du même établissement, mardi dernier. C'est beaucoup plus la présence féminine à cette avant-première qui est étonnant. S'il est vrai que l'un de ces chefs-d'œuvre de Mohia a été un peu charcuté par les comédiens, du fait de la non maîtrise de la langue kabyle, il n'en demeure pas moins qu'en l'espace de deux heures de présentation de la pièce, le public a découvert le genre de celui qui a été le précurseur du théâtre d'expression kabyle, incontesté et incontestable. Grâce justement à son talent, Mohia a réussi à descendre en flamme le régime politique algérien dans toute sa composante. Des tenants de l'arabo-islamisme, personnifiés par sinistrés, avocat formé pendant 14 ans SVP à l'université de Zitouna (Tunis) et de El-Azhar (Egypte) jusqu'au juge de paix Serpière (Serpillière), l'auteur de la pièce n'a épargné aucun segment politique du régime. Avec des mots kabyles très simples, accessibles à tout le monde, il a su mettre à nu non seulement les tares de nos gouvernants mais aussi celles de toute la société. Tout au long de la pièce, la traîtresse est érigée en mode de vie, à tous les niveaux. Mais, ce que sinistré a semé dans la boutique de Siphonie (un commerçant de textile) le récoltera chez Suposoir, une fois qu'il a pris sa défense devant le juge, en l'acquittant magistralement de son procès judiciaire, intenté contre lui par son patron Siphonie. Il y a lieu de souligner qu'en dehors des deux comédiens professionnels du TRB, M. Latrèche, dans le rôle de sinistré, et de Khiereddine dans celui du juge de paix “Serpière”, les quatre autres comédiens amateurs manquent de talent dans leurs rôles respectifs. Néanmoins, le mérite leur revient en ressuscitant Mohia dans toutes sa grandeur créative théâtrale d'expression kabyle. L. O.