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De l'absurdité de l'existence
"Le roman DES Pôv'cheveux", de Lynda Chouiten
Publié dans Liberté le 27 - 02 - 2018

Dans ce premier roman, Lynda Chouiten a choisi le genre absurde pour évoquer les thèmes du rejet de l'autre, de l'hypocrisie et de l'indifférence.
Après deux ouvrages consacrés à la littérature, dont Isabelle Eberhardt and North Africa: a carnivalesque mirage (Lexigtons book, 2014), l'universitaire et auteure Lynda Chouiten a publié, il y a quelques mois, son premier roman, Le roman des pôv'cheveux, aux éditions El Kalima. Même si plusieurs éléments paratextuels, dont le titre, la photo de la première de couverture et le résumé de la 4e de couverture, laissent penser qu'il s'agit essentiellement d'un récit qui verse dans l'absurde et le rocambolesque, l'ouvrage se révèle néanmoins très mature et réfléchi. Pôv'cheveu, qui vient de tomber d'Ikhf Outoudert, littéralement la tête d'Outoudert, dit Teddy, se retrouve dans la soupe d'un restaurant chic de la capitale française.
De cette mésaventure, vont naître d'extraordinaires rebondissements pour le dru héros et d'autres cheveux déchus, qui deviennent, par une succession de coïncidences, les malheureux spectateurs des infortunées vies de leurs "propriétaires". Ecrit par Vieux cheveu, nous apprenons dans l'avertissement que ce récit a failli ne jamais voir le jour, si ce n'était l'œil assidu de deux éboueurs, qui sauvèrent in extremis "le cahier", jeté près d'une poubelle. Outoudert, impliqué malgré lui dans cette histoire "à se tirer les cheveux" est perçu comme un tyran par la population d'Ikhf, où Pôv'cheveu et ses frères s'insurgent chaque fois que "Teddy" leur mène la vie dure, et ce en les coupant ou en les rasant, ou plus rarement, en les étouffant sous un bonnet. Cette vie faite de rébellion et de revendication ne sera plus qu'un mauvais souvenir pour lui, dès lors qu'une chute le mènera directement dans le bol de soupe d'une cliente dans un chic restaurant parisien. Chassé par le propriétaire, il se retrouve à errer dans les rues, jusqu'à rencontrer plusieurs autres cheveux, dont le lien avec son ancien propriétaire n'est pas si éloigné... Le narrateur, un "méchieur par instruction", comprenez par là un cheveu cultivé après s'être retrouvé coincé dans un bouquin-La métamorphose, un classique du genre absurde- nous livre alors un récit où s'entrecroisent les vies de Teddy, Taous et Louisa, ses anciennes petites amies. Il apparaît alors, passé l'étonnement et les sourires des premières pages, des thèmes plus sérieux, comme les problèmes identitaires, l'hypocrisie, le rejet des autres, l'égoïsme et l'inhumanité. L'hypocrisie des hommes, nous la retrouvons au travers des personnages de Teddy Yekres et du "hirsute" Saïd, respectivement ex-petit ami et mari de Taous. Si le premier impose à sa belle de porter le foulard afin de ne plus attirer les autres hommes, il la délaissera très vite après s'être rendu compte qu'elle a perdu de son charme, une fois remballés beaux tailleurs, élégantes chaussures et maquillage. Pour le second, qui "enfoulardisera" son épouse, restreinte maintenant à s'occuper de leurs deux enfants, il ne trouvera aucun scrupule à enlever djellaba et barbe afin de rencontrer Louisa à Paris. Ce roman qui se lit d'une traite se joue également de l'étroitesse d'esprit et du rejet des peuples qui ne partagent pas forcément la même foi que nous. "Ce qui causait problème, c'est que porter ces chevelures était immoral, voire constituait un péché, puisqu'elles provenaient de personnes qui professaient une autre foi que celles qui s'en servaient". Ce récit absurde prend une dimension politique par ailleurs, quand il évoque les "hirsutes" que Teddy a fréquentés un certain temps. "Ces bourreaux étaient passé maîtres dans l'art de semer la terreur (...) eux aussi s'étaient mis à raser des villages entiers", un clin d'œil à peine voilé à l'horreur de la décennie rouge.
Yasmine Azzouz
Le roman des pôv'cheveux de Lynda Chouiten, Editions El Kalima, 2017, 208 pages, prix 600 da.


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