Décidément, il ne se passe pas un jour sans que des énergumènes se manifestent dans la polyclinique de Loudha Guighil, à cinq kilomètres à l'ouest du chef-lieu de commune et de daïra de Bouzeguène, pour affoler le personnel de garde qui ne sait plus à quel saint se vouer. Sur les visages de ces agents paramédicaux et médecins, en majorité de sexe féminin, on sentait la peur et le ras-le-bol pour continuer à travailler dans des conditions d'insécurité et de menaces quotidiennes de la part de personnes ivres ou drogués. Dernièrement, une infirmière a été agressée par une autre femme en pleine salle de déchoquage. Les faits se sont déroulés, vers minuit, quand un couple accompagné d'une cousine ont évacué un enfant victime d'un malaise après avoir inhalé du gaz carbonique. "Il y avait des malades qui attendaient leur tour", selon un témoignage recueilli sur place. "Le père a exigé qu'on prenne en charge son fils sur-le-champ, mais l'infirmière lui a expliqué que dans la salle, il y avait une autre femme qui souffrait d'un malaise cardiaque. L'homme, pris de folie, a commencé alors à donner des coups de pied aux portes du service des urgences et à défoncer la porte d'entrée de la salle de déchoquage où une femme cardiaque était allongée et mise sous oxygène. À ce moment-là, l'infirmière de garde est intervenue pour interpeler l'homme en question et lui signifier qu'il aurait pu ‘tuer' cette patiente en raison de la fragilité de son cœur. C'est à ce moment-là que la cousine se rua sur l'infirmière et lui asséna une gifle. Il fallut du temps pour que l'infirmière arrive à s'extirper des mains de la femme, ce qui provoqua une panique générale dans le service. Alertés par les malades, des policiers de la sûreté de daïra de Bouzeguène sont arrivés sur les lieux, mais entretemps, la situation s'était calmée." Notre interlocutrice ajoutera que "la vidéosurveillance a enregistré toute la scène de violence". Le lendemain, la jeune infirmière s'est présentée au commissariat et a déposé une plainte pour agression physique. Le maire de Bouzeguène a été aussi invité pour trouver une solution aux interminables actes de violence perpétrés au niveau de cette polyclinique mais des tentatives d'intercéder pour le retrait de la plainte se sont vues opposer, par l'intéressée, une fin de non-recevoir. Il faut rappeler qu'à la polyclinique de Loudha Guighil des agressions quotidiennes sont perpétrées par des personnes désœuvrées. Les conditions de travail se sont dégradées au fil du temps surtout qu'elles sont souvent liées aux insuffisances de moyens tant humains que matériels dont souffre cette polyclinique. Des grèves temporaires ont été même organisées, à maintes reprises, pour interpeller tous les responsables concernés afin d'assurer la sécurité du personnel de garde. En vain. KAMEL NATH OUKACI